mardi 19 mai 2020

Bien jouir dans le creux du bassin


C'est époustouflant.
Parfois, on se dit que les photographes et les architectes se sont concertés pour produire des images qui vous laissent pantois devant autant de qualité.
Ici, le photographe Pierron (?) a travaillé pour les éditions de l'Europe basées à Sarreguemines. On rêve de trouver leurs archives...
Comment une image peut-elle être aussi représentative de la catégorie que j'aime publier sur ce blog ?
D'abord la franchise de la mise en place : l'architecture déjà incroyablement radicale dans son efficacité à travailler les horizontales ne semble rien vouloir céder à une quelconque fantaisie. On entend bien le Rotring glisser sur le calque le long du réglet. Et Ziiiiiippppp. Une droite. Et Ziiiiiiipppp une autre. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple. Quelle façade ! Avez-vous remarqué comment le tout petit liseré bleu des stores, ici tous rentrés, accentue encore cette horizontalité ? Depuis cette perspective, le bâtiment des H.B.L (Houille-Bassin-Lorraine) nous laisse croire à une certaine finesse alors qu'il est bien plus massif. Le photographe a certainement vu ça et en a profité. Au fait, nous sommes devant la Direction des H.B.L à Merlebach, donc devant des bureaux et non du logement.
Maintenant nous pouvons aussi parler de la photo elle-même. Ciel bleu partout au dégradé parfait, arbre venant se placer au milieu de la façade et la contrariant avec poésie, on aime comment cet arbre est parfaitement bien placé. Le photographe laisse bien de la place pour que le regard s'échappe sur la droite et qu'ainsi toutes les lignes horizontales puissent s'épuiser au point de fuite hors du cadre. On aime le point rouge de l'automobile, parfait contre-point coloré à la composition hardie. L'ensemble produit donc une force incroyable, quelque chose de sérieux, de brutal, de tellement solide !
Malheureusement je reste sans information sur l'architecte de ce bâtiment. Une piste m'emmène sur Émile Aillaud, architecte pour les H.B.L mais comment croire qu'une telle écriture puisse lui appartenir ? Si ? Je doute.
Par le même éditeur et même photographe, dans la même ville de Merlebach, on peut aussi jouir de ça :


Cette carte postale est bien plus pour Martin Parr. J'aime penser au photographe accroupi devant la plate-bande, tentant de mettre de la verdure et de la nature dans son image de parking. J'aime comment le panneau du sens interdit joue avec le logotype du magasin Rond-Point ! J'aime comment les automobiles rangées en chevron finissent finalement sur une même ligne, cul par dessus tête, 69 subtil du hasard des stationnements. J'aime le Caddie oublié, la Renault 18 break similaire à celle de mon père. Et que dire du champ coloré, un peu éteint, un peu adouci par un ciel un rien gris et peu ouvert. L'ambiance est tout de même bien particulière. Personne...
Bien entendu, cette carte postale n'est pas si vieille au vu du parc automobile, je veux dire que nous ne sommes déjà plus dans l'expression ahurie des années soixante face à ces supermarchés. Alors ? Freyming Merlebach avait donc encore besoin de publier son supermarché pour trouver des images qui la représentaient ?
Quelles sont ses images d'aujourd'hui ?

1 commentaire:

  1. 2 rue de Metz,ou 2 Avenue Emile Huchet : la tour HBL. Ancienne direction des Mines de Charbon. Beaucoup de photos, de textes, d'histoire mais pas de nom de l'architecte...

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