Quand un historien ou une historienne de l'architecture décideront de faire un ouvrage sur les presque Cités Radieuses, lorsque, enfin, on se décidera de regarder à nouveau ces modèles du logement social dense et humaniste, il ne fait aucun doute qu'il leur faudra aller là :
Là, c'est à Anvers dans le quartier de Kiel.
Comment, en effet, ne pas immédiatement coller à tort ou à raison, sur cette magnifique Résidence "Edgar Castelein" le titre de Cité Radieuse ? Oh, bien entendu, j'entends les spécialistes, les aficionados de Corbu rire de toutes les choses qui manquent pour en faire une vraie Cité Radieuse : la signature de Corbu, un toit-terrasse aménagé, une répartition en duplex des appartements, des rues intérieures et une certaine réalité physique et brutale du béton. Mais tout de même...
J'avoue que la carte postale en noir et blanc doit aussi accentuer l'imitation possible au modèle de notre Maître. On peut d'ailleurs saluer immédiatement la très belle qualité éditoriale et photographique de cette carte postale qui semble curieusement n'avoir été disponible qu'auprès de la "Drogisterji-Parfumerie" !
Pour ma part, je lui trouve à cette "résidentie"de très belles qualités plastiques qu'une visite sur Google Street vous permettra aussi de colorer avec les belles couleurs modernistes de l'époque, toujours visibles sur place. Eh oui... Leçon pour la France, leçon pour Le Mans...
Ce que j'aime aussi beaucoup c'est la hauteur des pilotis qui dégage vraiment l'ouverture sous le bâtiment, ce qui, pour les vraies Cités Radieuses m'a toujours semblé un peu raté, manquant un peu de hauteur. Là, ça traverse vraiment et même, les pilotis semblent presque trop graciles pour supporter la masse. Mais quelle belle grille moderne ! Quelle belle écriture franche, directe, lisible. Admirez aussi sur cette première carte postale le volume des escaliers à gauche qui relie, de fait, deux barres entre elles sur leur angle.
Voulez-vous en voir plus ? Mais voilà, chers amis, chères amies :
Magnifique non ? Regardez une fois encore le bel espace sous les pilotis. On commence à mieux comprendre les articulations des bâtiments entre eux. On perçoit aussi comment la densité a permis de libérer les espaces verts, ici, complètement vides de voiture. Comme c'est beau.
On se rapproche ? Cette fois c'est la résidence "Jozef Schobbens". On voit bien comment les deux barres sont accolées l'une à l'autre, dans un angle très ouvert d'ailleurs.
Allez ! Je vous sens gourmands :
Cette dernière carte postale nous montre la résidence "Alfred Cools" mais surtout finalement les jardins et les jeux des enfants. Je trouve cette image presque trop parfaite, trop idéale à l'attente de l'urbanisme moderniste, presque trop ouverte en quelque sorte. L'espace y est si généreux que les distances semblent pour des constructions urbaine trop horizontales. Mais je n'ai qu'une envie : aller voir ces beautés car, oui, elles sont toujours debout.
Comme un bonheur ne vient jamais seul, il se trouve que l'Architecture d'Aujourd'hui de 1954 a publié un excellent et long article sur cet ensemble. On a donc une date, 1954 et même le nom des architectes : R. Braem, R. Maes, et V. Maeremans. Du beau monde donc.
Je vous donne ici quelques extraits de la revue, les photos sont de F. Claes :
Et je vous invite à une petite promenade. Peut-être nous retrouverons-nous au pied de ces belles barres, un jour, à Anvers.
Oui ! Le Kiel est un lieu incroyable et nous irons bientôt y prendre un café - surtout si les meubles que l'on y trouve sont ceux de Willy Van der Meeren.. Présentés dans un "appartement témoin" mémorable en 1953 (http://art-utile.blogspot.com/2012/01/van-der-meeren-formes-nouvelles.html)
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