dimanche 24 décembre 2017

tout est mini dans notre vie

Dans l'histoire de l'architecture, il y a finalement peu de cas semblables.
Imaginons un architecte qui, satisfait à ce point de son église, décide tout bonnement de la refaire à l'identique mais à une échelle plus petite.
Et bien, il s'agit exactement de ce que nous donne à voir cette carte postale de Soissons par Combier éditeur.


L'église Saint Crépin est bien une sorte de maquette géante de celle de Royan ! Même principes constructifs (V Laffaille, toit en double courbure ici charpenté) même clocher, même plan sauf pour l'entrée sinon tout est proche. Un resserrement plus fort est constaté du coté de l'attache du toit au clocher et le niveau du sol semble remonter plus haut mais voilà bien les seuls différences ! Comme si Guillaume Gillet avait voulu directement faire signe à Royan, ici à Soissons !













































Est-ce la preuve d'une fatigue d'inspiration de l'architecte ? Est-ce que cette forme lui a semblé si parfaite que même le changement d'échelle ne devait pas interdire sa reproduction ? Est-ce que, finalement, le nanisme architectural était propice, en conservant les proportions, à donner les mêmes émotions qu'une réalisation précédente ?
Car finalement, bien entendu, si le programme est le même, difficile d'argumenter les mêmes désirs de hauteur, d'ambition, de nécessaires élévations qu'à Royan ! L'église de Soissons ne repose pas sur l'une des hauteurs de sa ville, la ville de Soissons n'a pas connu le même sort tragique que Royan et la montée virile dans le ciel de verticales en béton aurait bien pu ne pas être l'écriture adéquate à cette petite église d'une ville moyenne.
Comment donc interpréter ce désir d'imitation de son propre travail ?
L'architecte explique le désir de faire un écho tout comme le font les modestes églises de villages aux cathédrales, comme si, ainsi, le lieu de culte devait aussi par l'intention d'une image projetée et reconnue donner aux croyants le sentiment de partager la grandeur de leur Foi. La modestie servant ici non pas à imiter le grandiose mais à traduire une humilité bienveillante et généreuse. Oui...Enfin...On peut tout aussi bien aimer avec raison cette multiplication d'un modèle pour la joie étrange que procure ce plaisir de reconnaissance comme, lorsque devant une miniature, on s'étonne que celle-ci, à son échelle et à sa taille réduite, puisse tenir toutes les qualités du modèle, un peu comme dans les Chef-d'œuvres que réalisent les Compagnons du Tour de France. Mais comme pour Royan, Guillaume Gillet produit une véritable grande et belle architecture capable dans son élan, dans la clarté même de ce qui la constitue, dans la délicatesse spatiale à donner à la Foi le nécessaire sentiment de vivre là l'exception du temps de la cérémonie. Un peu, finalement, comme la voute du siège du Parti Communiste de Niemeyer. Enfin...Oh oui après tout !

Pour tout savoir sur Guillaume Gillet, il faut s'en remettre à Franck Delorme et aux deux ouvrages très complets qu'il a consacrés à l'architecte :
L'église Notre-Dame de Royan, Guillaume Gillet et le gothique moderne
éditions Le Festin
ou
Guillaume Gillet, Carnets d'Architectes
éditions du Patrimoine. 
Faites-vous plaisir, faites plaisir pour les fêtes !


Deux photographies prises dans l'ouvrage de Franck Delorme sur Notre-Dame de Royan :


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