vendredi 24 janvier 2025

Bulle six coques pour Joseph Beuys

 Il faut toujours fouiller à coté, là où on ne croit pas que l'on trouvera quelque chose. Il m'était ainsi impossible de penser que dans des entiers philatéliques de La Croix-Rouge, j'aurai pu trouver ça :


Ce ça c'est donc une carte postale produite pour accueillir l'émission du premier Jour du timbre fêtant le 125ème anniversaire de La Croix-Rouge en 1988. Le principe de l'entier philatélique est de faire correspondre trois éléments au moins : l'image, le timbre et son oblitération. Il m'est arrivé dans ma vie de me rendre dans ce genre de manifestation où les collectionneurs viennent avec des enveloppes spéciales, des cartes postales, achètent en nombre des timbres ( dans un bureau de Poste provisoire) et se font oblitérer leurs objets. Souvent, bien entendu, ils ne les adressent à personne mais une boite aux lettres est à disposition pour bel et bien faire une expédition. C'est souvent joyeux, assez amusant de voir des objets comme des livres ou des cartes postales anciennes ainsi proposés à l'oblitération. Certains collectionneurs voulant aussi des timbres avec les bords, d'autres réclamant très précisément comment le postier doit poser son tampon.

C'est exactement le cas ici. Bien entendu, cette carte postale d'une Bulle six coques de Jean-Benjamin Maneval son architecte n'est pas une carte postale normale, achetée sur un tourniquet dans un bar-tabac d'un centre ville. C'est une édition spéciale, vendue sur place ou par correspondance pour recevoir ce timbre. Difficile donc de trouver cette carte postale au détour d'une boite à chaussures, il faut se rencontrer au milieu d'autres amies ainsi éditées et collectionnées. On note comment d'ailleurs ici, le timbre n'est pas du bon coté puisqu'il n'est pas du coté de la correspondance et forme bien une trilogie de signes : image, timbre, tampon. On admire d'ailleurs comment il faut que tout soit parfaitement lisible en étant pourtant construit dans un chevauchement bien précis. Le timbre se doit d'être oblitéré.

Comme cette carte, à part ce moment philatélique, ne dit rien de ce que nous voyons, il est difficile de dire pourquoi donc ce choix fut fait pour nous parler de l'anniversaire de La Croix-Rouge par la représentation d'un poste de secours installé dans une Bulle six coques dont je n'e connais pas la localisation. Nous sommes en 1988 et déjà à cette époque on avait un peu oublié l'importance de ces micro-architectures. Pourtant c'est certainement le coté spatial, futuriste que doit porter cette Bulle six coques associée à l'histoire de La Croix-Rouge.

Notre carte postale est une édition Empire Philatélique qui nous informe seulement que la photographie provient du Fonds Documents Roger Viollet. Pas de nom de photographe, pas de nom de l'architecte, pas non plus donc de localisation précise de cette Bulle six coques !

Mais mon esprit certainement par trop marqué d'une certaine culture ne peut s'empêcher de voir dans cette image un vibrant hommage à l'écolo-bobo-chamanico-pouet-pouet Joseph Beuys qui avait la maladie honteuse de tout marquer de sa croix rouge ou noire mystique, au bord du complotisme bureaucratique d'un Malévitch embauché dans une administration stalinienne fictive. Sans doute que je m'égare...Mais, que voulez-vous, à force de vouloir marquer son passage dans le monde et sur tous les objets que l'on touche, on finit par raconter l'histoire d'un certain désir d'omniprésence. Le coyote est mort on ne sait où, le piano est assourdi de feutre et le gourou est, heureusement, maintenant, un peu oublié. Ouf...

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