lundi 29 janvier 2024

Libreville, libre à vous

 C'est toujours spectaculaire ce genre architectural, genre qu'on pourrait appeler baroque-moderne ou syndrome Brasilia. Je veux dire des gestes dans le dessin voulant affirmer une originalité et un désir d'image du bâtiment bien avant son fonctionnalisme, disons simplement son rôle.

Comme disaient les Venturi : "i am a monument."

Ce geste formaliste, tout en évidence de spectacle, on le trouve souvent dans des espaces voulant rattraper en quelque sorte trop rapidement leur retard moderne ou voulant afficher de manière trop évidente leur jeunesse, leur adhésion au Monde Moderne.
Faut que ça pète !
Alors, devant ce genre architectural souvent maladroit, trop marqué, on peut sourire assez vite en  raillant l'impression d'une architecture de bande dessinée de science-fiction, d'un caractère fictionnel évident : c'est osé.
C'est vrai que ce morceau est tout inscrit dans cette veine. On hésite entre une agence de pacotille voulant imiter un décor pour James Bond ou un Futuropolis arrogant rempli de machins tarabiscotés pour valider le Futur qui se doit de ne pas être normal et donc spectaculaire.
Quelque chose donc de surjoué dans l'étrange, faut épater le badeau ou le responsable politique qui veut que l'on se rappelle être passés là.
La vache ! C'est moderne ici !



Nous sommes donc à Libreville au Gabon devant la Tour de l'Immeuble du 2 décembre grâce à une très belle carte postale dont la photographie est de J. Trolez que nous connaissons sur ce blog pour une exceptionnelle et magnifique carte postale qui reste l'une de mes préférées de ma collection :
J. Trolez, ici, cadre un détail dont on pourrait croire, depuis ce point de vue, qu'il est le tout. On devine que c'est bien alors ce morceau qui fait l'événement architectural du bâtiment, qui en donne sa quintessence moderne.
L'effet tient de la ziggourat, de la base de fusée gràce aux empennages, du détail d'une pièce mécanique d'un presse-agrume électrique. Ce qui fait exotique c'est bien entendu, ici, le champ coloré avec un dégradé de Terre de Sienne un peu trop rose pour être honnête. On passera sur le contraste entre les huisseries des fenêtres avec effet miroir (trop top !) et la maigreur des morceaux de béton, minces comme des découpes de balsa d'une maquette promotionnelle.
Sur cette carte postale, l'architecte est nommé : GAU. Je ne trouve rien de très clair sur cet architecte ou sur ce qui ressemble plus à une agence. On trouve bien une agence GAU à Montpellier mais j'ai du mal à croire en un lien entre cette production et celle de cette agence. Qui aurait un éclaircissement à faire ?


Sur cette autre carte postale, toujours de J. Trolez, on recule un peu pour mieux comprendre le bâtiment et comprendre sa forme globale. On devine aussi le travail de couleur ainsi qu' une sorte de soucoupe volante venant se poser derrière la tour. Difficile donc de comprendre cet ensemble qui semble pourtant conséquent. La vue satellitaire est plus utile. Malheureusement, nous ne pouvons pas depuis Google Map en faire le tour.
Doit-on donc s'amuser, se moquer de ce type d'architecture ? Ne doit-on pas justement en aimer la presque naïveté moderne, le surjeu plastique, la volonté d'existence comme une cagole trop maquillée ?
Car si on aime les projections en carton de l'artiste Bodys Isek Kingelez, espace de jeu et de rêves, il est plus difficile de comprendre le besoin d'inscrire ce genre de décor dans le réel et donc dans l'usage. Peut-être que la volonté de surtout faire image sera ce qui peut sauver ce genre. Il y a, en tout cas, pour moi, très peu de chance pour que j'aie à éprouver mes yeux face à face avec cette architecture. Alors, derrière sa photographie, je peux bien vivre mon rêve et mes projections comme je veux. Libre à vous d'en faire de même ou de faire le voyage !
Et qui aurait les archives de Monsieur Trolez ?
Pour revoir un autre exemple en Afrique de ce type un peu (beaucoup) raté : https://archipostalecarte.blogspot.com/2020/11/le-cas-cacoub.html






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