lundi 1 janvier 2024

2023 la catastrophe permanente jusqu'en 2024


 
L'année s'achève donc et l'année patrimoniale 2023 fut, en tous points, catastrophique et je crains même prémonitoire de l'avenir au vu du peu d'intérêts des responsables politiques et officiels de ce patrimoine. À ce titre, le Ministère de la Culture et ceux en charge (c'est le mot) de ce Patrimoine Contemporain sont vraiment aux abonnés absents. 

Il faut dire que nous en avons l'habitude mais ce qui devient grave c'est que les outils de cette destruction presque maintenant systématique de ce Patrimoine (surtout dans le logement social) sont en place. 
Et aux politiques de gentrification déjà à l'oeuvre depuis au moins 15 ans maintenant s'associent celles de l'écologie et de la sécurité conjuguées dans d'étranges épousailles (le policier et l'écolo même combat) pour un futur fantasmé, un nettoyage par la verdure et l'épaississement des façades quand il ne s'agit pas, tout simplement d'éradiquer du bâti dans le geste le moins écologique qui soit...Détruire.
Détruire des bâtiments, des histoires.

Pour moi l'exemple archétypal de cette année 2023 est l'abattage de la Tour des Célibataires de Mourenx.
Voilà bien une oeuvre, voilà bien un signal urbain, voilà donc une écriture et un urbanisme reniés.Tour abattue dans une forme de morgue et même de jubilation insensée et spectaculaire. On aurait pu croire que cette tentation du spectacle de la destruction des constructions était un rien démodée mais non, subsiste donc cette volonté d'un spectacle politisé pour montrer de manière totémique comment des politiques urbaines s'arrogent des droits patrimoniaux. L'éradication d'un paysage, d'une histoire, d'un type urbain devrait toujours être interrogée. Mais qui a défendu cette forme et cette histoire à la DRAC ?
Qui pour y dénoncer au mieux ou au moins sa totale impuissance ?
Personne que je sache.

On verra sans doute la même bêtise à l'oeuvre à Pessac avec les Tours de Saige-Formanoir de Dubuisson dont il semble que personne au Ministère ne prenne la mesure de cette oeuvre, de ses qualités, de notre responsabilité générationnelle de maintenir cet héritage.
L'inculture massive des politiques associée à la couardise des responsables patrimoniaux (à moins que ce ne soit le contraire) laissent donc la place à une catastrophe annoncée en 2024 ?
Les Patios de Aillaud à Grigny, Toulouse-le Mirail, Tour INSEE, Chatenay-Malabry, Mourenx, Tours Saige-Formanoir  donc, le placage honteux des Tours Nuages de Aillaud à Nanterre etc etc...Combien encore à venir sans un regard, sans un peu de courage des autorités patrimoniales ministérielles pour les stopper, les dénoncer et entamer enfin un vrai combat pour un inventaire sérieux, une mise à plat de cet héritage. Assez de colloques ! De "missions" ! De réflexions, de tables rondes ! Assez ! Agissez maintenant. AGISSEZ !

Vous serez tenus responsables car vous êtes responsables de cette histoire qui s'écrit sous vos yeux.

Aucun espoir ? Bien entendu, il y a des exceptions. On voit sur le site du Ministère les agents faire la promotion de l'envie du Président de sauver nos églises de village ou de se satisfaire que la Mission Berne à grand coup de chèques spectaculaires qui viendraient guérir la plaie ouverte de la déserrance du Patrimoine... Oui, c'est déjà bien. On se réjouit bien entendu de la belle restauration du Palais des Congrès de Royan. Mais combien de catastrophes dans cette ville pour remuer un peu les autorités sur l'intérêt de son urbanisme ? Combien, partout, de petites pépites détruites, de cités martyrisées, de piscines Tournesol massacrées, de réhabilitations à la mode de l'ANRU ? Combien de Patrimoine méprisé par des petits barons locaux vendant leur Patrimoine pour ne pas "avoir à s'emmerder avec ça" ? Et, pourtant en France, on a des experts. Des architectes avec des Prix Internationaux, on a même et surtout le goût de l'Histoire...
Alors ? 
Rien. Vous verrez...rien ne changera car, c'est si facile de laisser faire, d'agir dans de petites marges glorifiantes et de briller sur quelques exceptions. 

En fait, il faudrait faire passer le monde du Patrimoine des exceptions à l'exceptionnalité. Reconnaître même les défauts de certains héritages comme nécessaire à l'Histoire. C'est typiquement le cas des Tours Nuages de Aillaud. On fait semblant d'être attentionnés alors que finalement, au vu du futur projet, il ne restera rien, absolument rien de ce qui en faisait la poésie. Ratage parfaitement orchestré avec tous les parapets possibles : de la pure communication politique. Et on trouve toujours des "artistes" pour croire qu'ils participent au sauvetage. Les pauvres...
Car le "remodelage", la ré-écriture, la transformation, voir même la réhabilitation quand ce n'est pas fait avec des pincettes et l'intelligence de grands architectes (qui pensent) c'est souvent bien pire que l'éradication. C'est pour ça qu'il faut se battre pour un état d'exceptionnalité totale de cet héritage.

Détruisons donc ces Tours Nuages ! Ayons pitié d'elles ! Tout sauf ce gainage de casserole en Inox !

Vous aurez remarqués si vous êtes des fidèles de ce blog, son ralentissement. C'est que, sans doute, je commence à avoir fait le tour de cette question de la représentation de l'Architecture des Trente Glorieuses par ce média populaire et, à part égrainer chacune des cités ou des bâtiments, je ne vois pas bien ce que je pourrais encore vous dire.
Ma dernière conférence à l'école des beaux-arts d'Angers a duré plus de deux heures, presque trois...c'est fatigant pour tout le monde. Fatigant aussi ce combat permanent pour des architectures mal aimées, surtout mal apprises, mal vues et instrumentalisées par les politiques pour nous raconter des idéologies. Fatigant que des chef-d'oeuvres soient ainsi massacrés, détruits, restylés sans réflexion, sans sens de l'Histoire. Je vous jure, c'est épuisant. J'ai un dernier combat sur le feu, celui de la Cité de Louis Miquel à Saint-Pierre-lès-Elbeuf...Et c'est mal parti...

Bonne année 2024 sur les ruines de l'Architecture Moderne et Contemporaine.
Je suis si fatigué d'être en colère.

Battez-vous ici :








2 commentaires:

  1. Bonjour J'ai un petit stock de cartes postales d'églises modernes des années 60 que je collectionne, extérieur et pafois intérieur, que je souhaiterais vous montrer et peut-être partager avec vos lecteurs. Mais je ne sais pas comment vous joindre...! Merci à vous. Denis Decourchelle

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    1. vous pouvez me joindre sur mon courriel : david.liaude@orange.fr

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