J'ai hésité à faire une lettre ouverte à Madame Dati suite à son arrivée au Ministère de la Culture qui semble (bien avant même qu'elle ait décidé quelque chose pour la Culture) soulever des inquiétudes de la part du petit monde culturel.
Pour ma part, je ne tire pas sur une ambulance surtout quand elle n'a pas encore ni démarré ni même allumé sa sirène ! J'attends de voir...Ce dont je suis certain c'est qu'il n'y a rien à regretter et que la claque venue applaudir la partante au sourire forcé et au tutoiement gêné face à Madame Dati pendant la passation de pouvoir n'y changera rien...
Adieu donc Madame Abdul-Malak ! Espérons que vous partez avec votre équipe et surtout avec celle en charge du Patrimoine. Au vu de leur, de votre bilan, je pense qu'il est mieux de passer la main. Si, par malheur, cette escouade devait rester en place, il faudra que Madame Dati éprouve cette vieille équipe à l'aune de sa demande d'une culture ouverte et populaire comme elle l'a déclaré dans sa prise de fonction.
Justement, ce qui a manqué dans le traitement de la Culture chez Madame Abdul-Malak c'est bien d'avoir accordé à ceux qui produisent de l'Art ou qui signalent du Patrimoine une confiance populaire, d'y avoir vu une conscience vivante de ce Patrimoine. Ici, je n'évoquerai pas le traitement honteux dont les écoles d'Art ont été les victimes pendant le siège de Madame Abdul-Malak au Ministère qui a répondu à la détresse de nos écoles par une obole minable jetée de loin dans une escarcelle déjà bien vide d'argent et de projets. Combien d'écoles d'Art avait-elle visitées ? Combien d'enseignants reçus ? Combien d'étudiants écoutés directement par Madame Abdul-Malak ? L'ANDEA c'est si pratique pour éteindre les revendication, n'est-ce pas Madame ?
Donc, tournons cette page catastrophique pour le Patrimoine et surtout pour celui qui nous intéresse ici : le Patrimoine Contemporain et Moderne.
Madame Dati venant d'un milieu populaire, tout comme moi,( tout comme vous sans doute), sera sensible au regain d'intérêt pour le Patrimoine qu'elle a traversé dans sa vie et soyons certain qu'elle saura rendre hommage à cette période où la République offrait en grand nombre du Logement Social de qualité, dessiné par les plus grands architectes, soyons certain que Madame Dati sera sensible aussi au petit Patrimoine Populaire, celui reconnu justement par ceux qui le vivent, qui y ont accroché des souvenirs au fil de leur vie, croyant en l'élan républicain. Soyons certains que Madame Dati, Ministre de la Culture obligera enfin à ce que, hors de l'urgence d'une gestion catastrophique et catastrophé, les écritures architecturales les plus récentes entrent enfin dans une phase de reconnaissance parce qu'elles font partie intégrante de l'apprentissage de la France, d'un savoir être français : une église de béton en campagne, un Grand Ensemble singulier ou non, une piscine, une façade Art Déco, un Club des Jeunes ou, bien entendu, des oeuvres venant de nos plus grands architectes, ceux des Trente Glorieuses mais aussi, dès maintenant, nos architectes des années 80 et 90. Il est grand temps !
Après tout, ce Patrimoine fut souvent celui programmé et dessiné par ceux dont Madame Dati revendique l'héritage politique.
On rêve d'un beau et immense Dati Show du Patrimoine Moderne et Contemporain. On rêve que sa présence si disruptive oblige tout ce petit monde du Patrimoine à se remettre sur ses pieds, qu'elle bouscule l'ordre des choses, qu'elle traverse la question du Patrimoine en mettant son histoire personnelle au coeur des enjeux du devenir républicain de ce Patrimoine. Comment faire histoire de la France, Madame Dati si on oublie aussi ce Patrimoine Populaire des Français ?
Nous comptons sur vous. Enfin...On attend avec impatience des signes. Faire de la politique c'est agir, agissez donc Madame. Bonne chance, bonne route. Faites-nous oublier les derniers mois.
Comme exemples et comme objets de réflexion, Madame Dati, je vous offre trois modèles à interroger, trois typologies à surveiller, trois espaces populaires de la France :
Nous sommes à Alès devant le très belle tour de la Cité de la Clavière gràace à une édition S.L. On aime tout dans cette image, l'architecture bien évidemment dont le dessin est spectaculaire et exemplaire du traitement heureux de ses faces mais on aime aussi le cliché parfait, presque troublant d'ordre et de beauté : comme une démonstration de force et de radicalité. C'est beau, justement parce que c'est implacable.
Et voici une petite chose, une belle église si typique de la production de cette période : Le Portel, église St-Pierre-St-Paul, par les architectes Laloy-Nedoechelle. La carte postale est une édition Yvon en Draeger ! Un must ! Comment ne pas être sensible à ce beau travail de façade, à la justesse simple des matériaux, au désir de faire une architecture abordable, honnête dans ses signes ?
Pour finir, voici une image. Une image d'une certaine France, celle justement qui pratique et invente aussi le Patrimoine. Celle qui s'en réjouit, qui le vit parfois avec le coeur, parfois avec aussi du doute. C'est de cette France-là dont je viens, cette France à laquelle il faudra aussi reconnaitre que son monde n'est pas fait que de rond-points comme des places publiques, que de jours où on se lève tôt. Cette France-là, Madame Dati, il faut en faire un acteur du Patrimoine, lui donner l'occasion de le définir mais aussi l'occasion de le connaître. J'habite une telle maison. J'habite cette France. Et c'est depuis ce type d'espace que je m'adresse à vous. C'est, depuis cet espace populaire que j'ai fait mon transfuge, comme, je l'imagine, vous avez fait le vôtre, Madame Dati.
Nous sommes à Orgerus, devant la Cité "Phénix"grâce aux éditions CAP. J'en reconnais tous les signes et tous les espoirs d'une vie meilleure.
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