samedi 27 février 2016

Forteresses sans défense

Amusons-nous !
J'ai rassemblé trois cartes postales de trois architectures aux programmes bien différents mais qui ont dans leur forme quelque chose de massif, solide, reprenant un vocabulaire un rien défensif et épais qui évoque un peu (beaucoup) des architectures gaillardes me rappelant (et c'est personnel) des constructions plus guerrières, des châteaux-forts un peu tendres.
D'abord un hôtel !



J'avoue beaucoup aimer cet hôtel Carol à Rimini.
Comment ne pas être séduit par les volumes en béton brut posés sur la façade donnant un aspect de guérites observant le paysage ? La massivité de ces volumes jouant un double rôle de balcon pour l'étage supérieur et de dais pour l'étage inférieur est un geste gratuit, certes, mais rythmant cet immeuble qui, sans ce détail, serait bien simple. On notera aussi que le dernier étage reprend un ourlet épaissi couronnant tout le pourtour et donnant un poids à l'ensemble. On admire les très beaux dessins de ces garde-corps venant bien jouer avec la couleur de la façade. Pour le reste, difficile de dire quoi que ce soit, c'est la limite de l'image. On pourrait (un peu vite ?) y reconnaître le style de Bofill et du Taller de Arquitectura dans sa période Reus. Mais de loin sans doute... On s'amuse du cheminement de la gouttière faisant un angle au-dessus de la terrasse !





Ce qui est certain, c'est qu'il y a bien là un projet stylistique et donc aussi un architecte ayant su affirmer un vocabulaire précis à un commanditaire, ici la famille Gamberini. Mais qui est cet architecte audacieux ?
La carte postale fut expédiée par Marthe pour participer à Tournez Manège...
Ensuite un hôpital :




Une succession de volumes en décrochements répétés et en opposition offrent des ouvertures dans les angles et des murs aveugles. Les épaisseurs, les redents s'associent avec deux tours jumelles en béton brut juste séparées par une liaison fine évoquant des meurtrières ajoutant une massivité bien utile à l'ensemble. Une entrée comme un pont-levis posé sur des pilotis mais ne menant à aucune porte sur le dessus, laisse le visiteur entrer par le... dessous. On en profite pour remarquer que l'expéditeur a fait une croix sur sa fenêtre donnant en plein sur cette surface lisse de béton.



 

L'ensemble ne manque pas d'allure car les volumes accrochent la lumière et forment un ensemble comme construit par étapes successives évitant le bloc ennuyeux. On aime aussi la belle ouverture pratiquée au milieu qu'un escalier permet d'arpenter. Nous sommes à l'hôpital Caremeau de Nîmes. La carte postale est une édition La Nimoise Des Cartes qui ne nomme pas l'architecte.
À nouveau un hôtel :





Alors que le premier plan évoque une mer éternelle, la machine hôtelière se pose sans aucune compromission sur le flan de la falaise semblant même la construire. La dégringolade des chambres sur la pente, leur égalité de traitement semble dire qu'aucune résistance du paysage n'est possible. Comme un dédain affirmé de ce que le caillou en dessous pouvait bien raconter. Un arbuste semble pourtant à lui seul avoir retenu la cascade architecturale. Pourtant deux grosses tours un peu pataudes et laissées grises et totalement aveugles affirment soudainement une verticale dont il est aisé de comprendre le rôle : il s'agit de cages d'ascenseurs permettant de récupérer le niveau supérieur de la falaise qui doit accueillir les vacanciers. Ainsi isolées, les deux tours prennent des allures de vigies grâce à une ombre offrant le détail d'un crénelage digne d'un beau et ancien château-fort. Seuls les voûtains du premier niveau offrent l'occasion d'une légèreté. On aimera aussi le mur de pierre qui retient l'ensemble au sol. Tout le monde a vue sur mer, c'est l'essentiel. J'adore ça.
Nous sommes à l'hôtel Cartago au port de Sant Miquel à Ibiza. La carte postale est une édition Subira sans date ni nom d'architecte, malheureusement...

 

2 commentaires:

  1. LECLERCQ URBANISTE27 février 2016 à 18:11

    HOPITAL DE NIMES AYMERIC ZUBLENA ARCHITECTE

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    1. Merci Daniel ! Zublena est curieusement l'architecte qui a construit des logements juste en face de mon école au Mans ! Le hasard !

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