J'avoue que je me suis bien demandé si je devais faire entrer dans ma collection cette carte postale du Zénith de Rouen. Pas très convaincu par la photographie ni par la nécessité de ramener un bâtiment aussi récent dans ma collection, j'ai pourtant décidé donc de l'y faire entrer. Il y a des raisons :
D'abord et ce n'est pas des moindres son architecte : Bernard Tschumi que nous aimons bien sur ce blog et qui est peu représenté dans ma collection. Avoir donc une "entrée" Tschumi me semblait assez juste et normal car ce grand penseur de l'architecture méritait bien de retrouver ces paires et son père qui lui est représenté déjà dans ma collection.
Ensuite...et bien, il n'est pas si nouveau ou contemporain que ça ce Zénith de Rouen puisqu'il date de 2001, il arrive donc presque dans le temps nécessaire à un futur classement que ne manqueront pas de faire en 2026 les autorités patrimoniales de notre Région Normandie, région qui donne l'exemple de son attachement à l'Architecture Moderne et Contemporaine en déclassant des Monuments Historiques (verres et Aciers de Marcel Lods). Donc, aucun doute que la Région Normandie, la Ville de Rouen, la DRAC classeront dès sa date anniversaire de ses 25 ans ce si bel édifice...
Bon, reste la photographie de ce Zénith que je ne comprends pas bien. Est-ce l'idée de fabriquer un contraste entre "le monstre moderne" et le charme du jardinet qui a animé Thierry Chion ? Est-ce une commande et donc un certain regard réclamé par les institutions qui ont obligé le photographe à cette gesticulation jardinière et naturelle pour montrer le charme de l'intégration de ce qui, par définition, ne doit pas l'être si on en croit les habitudes théoriques de Tschumi ? On sait que les photographes de cartes postales ont toujours aimé caler un premier plan végétal pour faire leurs images. Est-ce là un indice de cet attachement à la tradition ou un penchant contemporain démagogique pour la friche, le tiers-lieu, le jardin partagé ?
L'image est aussi prise dans une résolution un rien éteinte, un contre-jour, quelque chose dans la lumière qui n'est pas très claire comme un petit matin frais bien vallée de Seine. Le photographe se met bien bas pour que son premier plan si touchant et poétique du jardinet vienne contraster avec le MONSTRE tapi derrière. Finalement, il faut saluer le désir d'originalité et la prise de risque. On aimera, si on aime les images et les analogies, que le photographe soit un genou (deux ?) à terre devant l'architecture du Zénith. On aime ça. La laitue a monté et les tournesols, depuis Van Gogh et Michel Legrand, n'en finissent pas de tourner la tête vers le soleil normand bien calmé.
On notera que cette carte postale institutionnelle puisque revendiquée par la Métropole de Rouen ne fait aucun effort pour nommer l'architecte ! C'est un comble ! Oublier ainsi le nom du créateur, du penseur, du constructeur, de l'architecte dont on use pourtant de son image de modernité est assez signifiant de la manière dont ces institutions se foutent comme d'une guigne des architectes. Monsieur Tschumi jugera comme il veut cet oubli de son nom.
Il me restera, avec mon crayon, a ajouter ce nom au verso de la carte.
Sois la bienvenue dans ma collection.
https://archipostcard.blogspot.com/2010/07/par-ordre-dapparition.html