samedi 22 août 2020

Port Gruissan ? C'est Daniel Leclercq !

L'histoire de l'architecture est souvent écrite par des professionnels de la recherche, des historiens de l'architecture construisant leur théories et explications au sein d'une corporation qui se reconnaît. Pourtant, il existe des personnalités qui, souvent par amour pour un lieu et une histoire, construisent à leur tour des histoires de l'architecture. Par le biais d'un regard amouraché, ils réussissent à rétablir si ce n'est une vérité du moins des précisions plus grandes, des originalités hors d'un commun admis de l'histoire de ces lieux, de ces architectures.

Daniel Leclercq depuis des années maintenant est de ceux-la. Port Gruissan, c'est Daniel Leclercq. Et il travaille Daniel, il creuse son sillon, il cherche, toujours prêt à remettre en question le dogme, à rétablir la vérité, à décrypter les documents, à les faire chanter entre eux, se refusant à croire trop rapidement aux affirmations répétées toujours avec les mêmes inexactitudes. Il aime aller à la source où l'eau est plus fraîche et plus limpide.

Voilà que je reçois de sa part deux ouvrages entièrement consacrés à Port Gruissan et à son architecte Raymond Gleize. On y retrouve son goût immodéré pour une analyse pointue, une jubilation documentaire et ce désir un peu fou d'aller contre des préjugés et des présupposés. Il n'a pas peur. Il n'a pas peur parce qu'il travaille.

Certes, parfois c'est touffu mais que voulez-vous, si vous tenez à comprendre la Mission Racine, l'implantation de Port Gruissan et de ses choix esthétiques et urbains, il ne faut pas faire semblant de lire mal des documents mais bien prendre les traces et archives pour ce qu'elles sont : indispensables pour penser vrai. C'est l'amour qui le conduit, qui le porte. Car il vit cette architecture, il la parcourt, il l'arpente, la décrypte et tente même tout pour en défendre son plan masse et ses décors les plus fins, ses espaces publics et les crépis des murs. Un vrai travail d'inventaire comme on dit dans le métier. Il ne fait aucun doute que ce travail gigantesque devra servir à l'avenir de base à toute analyse patrimoniale de Port Gruissan. Daniel Leclercq est, de fait, une autorité, c'est-à-dire, au sens noble, il est autorisé à parler et expliquer. Car, chez lui, il y a surtout ce désir de passeur, de pédagogue. Il veut être précis pour aider à comprendre mais il ne manque alors ni d'humour, ni de fantaisie et même de délicatesse que ses photographies des lieux ou le jeu amusant et frais d'une fiction lui permettent de révéler. C'est goûteux.

Alors bien entendu Port Gruissan est aujourd'hui bien moins mainstream que La Grande Motte, la Reine de la Mission Racine. Mais justement, il ne faudrait pas que son ombre occulte les autres lieux et Port Gruissan mérite de fait ce regard. Car c'est une ville équilibrée, moderne, moins spectaculaire sans doute mais aussi plus urbaine au sens exacte de l'urbanité : vivre une vraie ville. Port-Gruissan est marquée par une architecture sensible et délicate qui a presque pour vocation d'en faire oublier l'extravagance d'une modernité de spectacle de sa grande sœur. Une sérénité franche.

Port Gruissan a de la chance d'avoir Daniel Leclercq.

Lisez Daniel Leclercq ! 

Ce livre est un ovni dans la production des livres d'architecture et même une audace car Daniel Leclercq y joue un jeu curieux dont je vous laisse découvrir la règle en le lisant. En tout cas, l'entretien qu'il produit avec Raymond Gleize permet de bien entrer dans le travail de l'architecte et de ses subtilités en oubliant pas, en retour de dresser un autre portrait, celui de son auteur. Savoureux, je vous dis et inédit dans sa forme et dans la richesse de son fonds historique. 

Entretiens, Raymond Gleize, essai. Daniel Leclercq éditions de Saint/Roch 

Ce grand album est LE livre sur l'histoire de Port-Gruissan. Bourré de documents, rempli d'une analyse fine de l'histoire, Daniel Leclercq y plonge littéralement dans toutes les particularités, les aspérités, les contre-vérités pour rendre un hommage appuyé à cette ville et à ce projet inscrit dans la Mission Racine. Le chapitre sur Paris Match est réellement typique des errements faciles empruntés par les répétiteurs que Daniel Leclercq corrige avec précision. Et ça change beaucoup de choses sur la vision de cet ensemble ! Tous les amoureux de l'histoire de l'architecture du balnéaire et de cette période architecturale devraient regarder cet ouvrage comme l'exemple de ce qu'il faut faire pour bien restituer une histoire : précision et amour mêlés. C'est aussi un beau livre à l'iconographie bien choisie venant appuyer l'argumentaire.

Port-Gruissan, Patrimoine (remarquable) du XXe Siècle, Daniel Leclercq, édition Valda/Saint Roch 

Et comme Daniel Leclercq n'oublie pas les cartes postales comme documents possibles à l'histoire de l'architecture, j'en glisse une petite qui le réjouira. il s'agit d'une édition As pour Apa-Poux à Albi. la carte n'indique ni le nom de l'architecte, ni du photographe; Nous sommes sur le nouveau port et on y voit bien la belle architecture-signature de Port-Gruissan :

 

Pour voir ou revoir des cartes postales de Port-Gruissan :

https://archipostalecarte.blogspot.com/2016/01/gruissan-son-guide.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2013/07/port-gruissan-en-verite.html 

https://archipostcard.blogspot.com/2010/04/bleu-jaune-orange-gris-nostalgie.html


2 commentaires:

  1. le bâtiment en fond de la carte postale est la résidence les Hublots du port de R. GLEIZE même dont la pose de la première pierre eut lieu le 1 décembre 1973...

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  2. pour acheter le (s) livre (s) danielec46@yahoo.fr (auto édition)

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