samedi 4 juillet 2015

La neige ça fond, c'est à ça qu'on la reconnaît

L'été et l'hiver.
Deux cartes postales saisonnières nous montrent une architecture de qualité, en montagne, avec effets météorologiques :





On voit sur des volumes très décidés, jaillissants et francs, un bardage de bois chaud offrant le contraste entre une architecture profondément moderniste et une image traditionnelle de l'architecture de montagne. Mais ici, pas de pastiche de chalet international pour Walt Disney ou Vladimir Poutine mais un sens aigu du plan, du soleil, du programme et du lieu.
Nous sommes aux Karellis, devant le centre de vacances ou de Rencontres écrit au pluriel ou au singulier selon l'éditeur !
Mais ce qui me plaît au-delà du très beau travail architectural que nous devons, semble-t-il à l'Atelier d'Architecture en Montagne, c'est que la carte postale enregistre aussi les usages de l'architecture. En deux photographies séparées par les saisons, on voit comment les espaces interstitiels sont utilisés par les usagers des lieux.
L'hiver ? La neige épaisse, blanche, ne permet que le passage, le ski, la glissade, dont rien sur la première carte postale ne peut dire l'usage. Avez-vous remarqué tout de même les empreintes de pieds chaussés au premier plan ? Bien évidemment, ici, la volumétrie et la géométrie du dessin de l'architecture jouent le contraste parfait avec le hasard blanc de la neige et ses courbes sur la pente. C'est ce qui fait la beauté de cette construction devenant un mur de bois savant contre une matière poudreuse. Comme il doit être beau de voir sortir de la masse blanche la force de l'architecture comme le rocher, la falaise de la montagne.
L'été ? La neige disparue c'est la prairie de la montagne, chargée de plantes, de fleurs que le photographe installe au premier plan presque pour nous en faire sentir les parfums. Le vert prend la place du blanc et tout change !
Voici les parasols, voici les chaises longues, les corps tiédis qui prennent sans remords le bon soleil de la montagne.
Voyez ce monsieur torse nu, cette femme en maillot de bain une pièce ou cet autre, levant les bras au ciel comme se réveillant d'une sieste.
Tous nous tournent le dos et regardent l'architecture du centre de vacances Rencontres. Le photographe, lui, au ras des fleurs, sans doute à genoux ou en contrebas du vallon, fait le cliché qui dira que la montagne est vivifiante aussi en été. Y a-t-il un marché d'été et d'hiver pour les cartes postales de montagne ? Voit-on des vacanciers en été acheter des images d'hiver et vice-versa pour rêver à la saison qu'ils ne vivent pas ou donner à croire qu'ici, même au mois d'août, la neige est tombée ?

Les deux cartes postales sont éditées par la Coopérative Artisanale "la Vordache". La première est une photographie de François Lainé. La seconde reste anonyme. Aucune ne nomme les architectes, aucune n'est datée.
Merci à Étienne Pressager pour cette donation.




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