dimanche 8 septembre 2024

Royan, Nouvelles Vagues...

 Je ne compte plus les articles sur mon blog relatifs au Front de mer de Royan encore actuellement totalement défiguré et dont le portique a disparu.
Alors quand j'apprend qu'enfin les travaux vont commencer et que les "vagues" vont disparaître, je ne vais pas bouder mon plaisir et je vais féliciter la mairie de Royan de prendre les choses en main.
Reste à voir ce qui va prendre place...
Là...
Si on en croit ce qui est présenté, il ne s'agira pas de revenir à un état d'origine mais bien de céder à un nouvel ordre moral bien marqué par les questions contemporaines que l'on nous inflige un peu partout : le Patri-washing.
Notamment la fameuse végétalisation qui viendra donc littéralement ré-encombré l'espace, encombrement accentué par la construction de pavillons devant le Front de mer...On devine bien comment cela va finir.
L'impression que donne ce nouveau projet (SCE Ateliers Up+) c'est celui d'un nouvel encombrement, certes, cette fois, "végétal" et qui donc ne souffrirait d'aucune critique (puisque dans un certain air du temps) mais bien d'un encombrement tout de même ne permettant pas plus que les vagues, une lecture franche et directe de l'architecture, c'est à dire que nous assistons à une éradication du sens premier de son urbanisme et de ses circulations. Le bannissement de l'automobile (et ce malgré l'apparition magique d'une Ford Mustang sur les documentations de communication de l'agence SCE Ateliers Up) est le signe d'une dégradation du sens premier de l'architecture du Front de mer. Le cruising, spectacle de l'auto, avait son sens dans la fabrication de ce Front de mer. C'était un héritage à prendre en compte.

On peut, bien entendu, le remettre en cause. Mais si la réponse c'est une forêt "tropicale" d'influence brésilienne (si si c'est ce qu'on nous raconte...) on ne va pas rire longtemps. 
Ce qui m'inquiète le plus ceux sont les "bijoux d'architecture" à "l'écriture patrimoniale" prévu donc devant le Front de mer et en lieu et place du portique. J'en imagine déjà la qualité architecturale genre découpe au laser et blancheur avec un toit plat, les images de communications en ce sens sont épouvantables ! De faux pavillons bas de gamme de Jean Prouvé : c'est déjà ignoble. Pourquoi, au lieu de singer l'architecture des Trente Glorieuse ne pas alors oser la fabrication d'un nouveau Patrimoine à venir en confiant ces pavillons à de grands architectes ? En faire une sorte de collection de pavillons contemporains ? Comment l'A.B.F peut laisser passer ça devant le Front de mer ?
Et la présence de ces pavillons et ce qui les accompagnera (chaises, tables, parasols, panneaux racoleurs des restaurants) finira bien par ne plus laisser respirer l'espace soi-disant libéré et à produire un nouvel écran à l'architecture.
Comme je ne suis pas royannais, et qu'il y a peu de chances maintenant que je le devienne, je ne sais plus très bien ce que je dois penser des avancées ou des retours patrimoniaux sur cette ville. Peut-être que je n'arrive tout simplement pas à renoncer à un fantasme, un rêve, une impression. La mairie a l'air de vouloir être dans une énergie et c'est déjà formidable.

Mais je crains que l'enfer soit pavé (littéralement) de bonnes intentions, de petits signes patrimoniaux, de couleurs locales pour faire "années cinquante" en lieu et place d'une véritable écriture moderne se stratifiant sur l'héritage au risque d'un fantôme de ville, certes bien ombragée mais n'étant plus que de citations. Comme un nouveau bombardement d'idées reçues sur les qualités d'un écologisme simplet fait de plate-bandes filtrantes ou de copies décevantes des pavements de Roberto Burle Marx...Faire des signes urbains n'est finalement peut-être pas plus radical et nécessaire que des vagues bleues des années 90.

Alors...j'abandonne encore un peu mon lien avec la plus belle ville du Monde. 
On "verra". 
David Liaudet

Voilà la présentation du projet. Amusez-vous à compter les marinières framboise et les doudounes bleu marine et la jeunesse, ce qui induit, de fait, une certaine idée de la praticabilité attendue de la ville et de ses usages :

Je fais un choix de deux cartes postales qui montrent bien la simplicité et la radicalité du rapport entre architecture, plage et circulation à l'époque : une certaine horizontalité franche, presque une minéralité admise et souhaitée aujourd'hui complètement rejetée et détruite dans le futur projet "végétal" et animé de signes patrimoniaux.
On rigole à gorge déployée quand, avec beaucoup de sentiments sans doute, un habitant lors de la réunion, réclame un pavillon qui rendrait hommage au casino disparu...On se demande lequel en fait...celui d'avant-guerre sans doute...

Pour revoir Royan sur mon blog (bon courage...) c'est ici :
ou encore :
Pour revoir mes cartes, allez à Royan, elles ont toutes été données à la Ville.
Sinon...trouvez et lisez mon livre....

Une édition Chatagneau Elcé (où sont vos archives ?) expédiée en 1961 :
Une édition Bauch, expédiée en 1958 :





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