vendredi 23 juin 2023

Le Brutalisme de pacotille d'un tsunami breton



Dans le mouvement général voyant dans tout voile de béton courbé et mur aveuglé un brutalisme récemment réinventé, on peut dire que trainent des icônes maintenant admirées, comme si la Grande Motte et son retour d'affection avaient essaimé des miettes partout sur le territoire.
La Grande Motte est bien devenue le mètre-étalon du bétonnage bon chic bon genre dont le répertoire formel passe maintenant à la postérité sans toujours le génie de ce lieu. Il était temps et on s'en étonne même encore un peu.
Alors voilà, la série de vagues de Mazy de Pierre Doucet à la Baule, si elle n'est pas en passe de devenir à cause de la pauvreté architecturale de sa conception, une pièce essentielle de l'architecture moderne ou contemporaine, elle est bien en passe, par contre, de devenir une icône pour Instagram ou excités du bocal vintage. Oui, oulala, que c'est marrant et typique cette architecture ! Oui, oulala que c'est osé, curieux même un peu moche... Oui, oulala qu'est-ce qu'on aime ça contre le monde entier du bon goût d'un régionalisme bretonnant.
Comment résister en effet au dynamisme de l'ensemble, à la volonté bien plus sculpturale qu'architecturale de ce mur devant la mer ! Un peu comme Grandval et ses choux si iconiques et pourtant si pauvres, les vagues de Mazy de Pierre Doucet seront bien des codes visuels, des logotypes de la Baule, des machins graphiques pour faire passer la pilule des années Giscard, de la mort des années 70 trop riches, trop secouées, trop démentes.
Vas-y Coco ! Mets-moi du Plexiglas fumé sur les balcons, des grands cercles sur les façades aveugles pour les décorer ! Vas-y Coco, ripoline-moi tout ça en tons grège, en marron glacé, en beige sable ! Vas-y Coco, fais-moi un belle barre avec gel dans les mèches pour la coiffer ! Faut qu'on soit ébouriffés, on est au bord de mer, Bordel de merde !
Est-ce que l'hédonisme excuse tout ? Sans doute. Et, rassurez-vous, je les aime bien ces machins architecturés un rien surjoués. Pour ma part, je trouve que ça manque gravement de massivité, que les voiles sont trop fins, que les pointes sont comme des morceaux découpés dans du balsa. J'aimerais voir l'arrière de ces barres.
Ba voilà...Y a rien à dire... C'est moche.



On assiste donc bien à une image, pas à une architecture. Rien n'est ici réglé d'autre que la superposition d'appartements onéreux avec façade sur mer et avec un petit effort pour un style communicationnel et sans doute publicitaire.
"Habitez la vague !"
"Vue sur mer depuis votre balcon comme sur un navire"
"Ne regardez plus la mer, habitez-la !"
Des conneries comme ça, sans doute imprimées sur un catalogue de promoteur roulant en Cx Citroën intérieur cuir ou dans les pages pub du Figaro Madame.
Cette architecture sera donc sauvée par le biais de sa forme un peu rigolote, un peu originale, marquant son époque. Pourquoi pas d'ailleurs, ça compte aussi. Ce n'est pas pire que les délires tarabiscotés et hétéroclites du style balnéaire du début du XXème.
On verra comment l'écologisme, la montée des eaux, l'air marin permettront ou pas à ce type d'écriture de tenir le cap et de ne pas subir l'épaississement par l'extérieur... Ça risque d'être sauvage pour  le syndic des vagues de Mazy ce XXIème siècle...
Pour l'instant, rien n'a bougé.
La carte postale est une édition Yvon datée de 1979 mais de 1982 par l'expéditeur. On en remarque les couleurs saturées, l'importance du bleu, les points rouges des autos.
C'est beau.
Mais qu'est devenue la petite sculpture d'entrée visible bien à gauche sur la carte postale ?


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