mercredi 29 mars 2017

Suisse Marocaine

Dans le classement fait par Walid, il y avait quelque chose de surprenant.
En effet le rapprochement établi entre un immeuble à Casablanca et un immeuble à la Chaux-de-Fonds pouvait paraître un rien étrange. Pourtant, les documents affirment sans aucun doute ce rapport entre les deux architectures qui affichent des ressemblances formelles et structurelles assez évidentes même si l'immeuble Romandie semble moins travaillé dans les détails.
D'abord la carte postale :


Nous sommes donc bien à la Chaux-de-Fonds célèbre dans le monde de l'architecture pour son histoire corbuséenne. Ici, nous regardons la très belle tour du Casino dont l'éditeur Sartori ne nous donne pas le nom des architectes qui sont Messieurs Gabus et Dubois, ceux-là même qui participèrent au chantier de Casablanca dont je vous redonne ici la carte postale :


Pourquoi des architectes suisses vont-ils construire au Maroc avec des architectes français ? On notera que l'immeuble de Casablanca est baptisé Romandie... Un investisseur suisse ?
Revenons à cette tour du Casino.
On apprend dans le Bulletin Technique de la Suisse Romande que cet immeuble est presque entièrement en béton préfabriqué, du moins dès son premier niveau.




Pour le reste, il est ancré dans le sol par du béton coulé sur place. On perçoit ici un vocabulaire franc laissant apparents le jeu des plaques et l'ossature qui, dans leur succession, fabriquent en quelque sorte le vocabulaire plastique de la façade. Cette franchise, cette netteté, j'oserai, cette éthique, permet de faire un bâtiment qui affirme sa structure et la donne à voir dans un style bien marqué de l'époque, à la fois classique dans sa transparence technique et parfaitement dessiné, ourlant les cadres, offrant corniches et redents qui fabriquent des ombres faisant jouer la lumière. D'une austérité que Perret n'aurait pas reniée, la tour du Casino est belle de ce classicisme structurel.
Cela a dû plaire à Jean-Michel Lestrade.
Pour ce qui est de la tour de Casablanca, même si le Fonds Lestrade ne dit rien de vraiment concluant sur la participation de l'ingénieur, il semble bien que c'est l'ancrage au sol qui fut l'enjeu de sa venue au Maroc suite à son travail avec Guth à Mulhouse. On sait aussi comment l'ingénieur avait d'excellentes connaissances en préfabrication. Il nous manque (et c'est rageant) autant dans ma bibliothèque que dans celle du Fonds Lestrade, le numéro de l'Architecture d'Aujourd'hui de 1951 spécial Maroc dans lequel figure l'immeuble. Pourquoi ? Je m'étonne que ce numéro soit manquant alors que les archives de l'agence sont parfaitement classées et que Walid y a trouvé le Bulletin Technique de la Suisse Romande !
J'ai envoyé hier les garçons visiter la bibliothèque de leur école, on verra bien. En tout cas, il ne fait aucun doute que les architectes suisses Messieurs Gabus et Dubois et les architectes français Messieurs Desmet et Maillard ont bien travaillé ensemble. J'imagine que les suisses ont produit dessins et méthodes et que les architectes français furent des architectes d'opération. Enfin... Peut-être. On notera que Marcel Desmet a également travaillé à Casa sur d'autres belles constructions. On reviendra sans aucun doute sur sa belle carrière lilloise et marocaine.
Continuons de creuser les archives.









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