lundi 20 juin 2016

Du bois, du métal, du béton, ça coule de Source

Voilà bien l'exemple parfait de ce que nous aimons voir, découvrir, parcourir et partager sur ce blog :



La carte postale Combier fait son travail. Une vue aérienne d'un groupe scolaire dont on reconnaît immédiatement par les formes, les couleurs, la belle période. Rien d'étonnant à la publication d'une carte postale de groupe scolaire, l'école a toujours été un thème privilégié des éditeurs de cartes postales. Ici, pourtant, nous, amateurs de belles architectures, allons particulièrement nous réjouir.
Orléans-la-Source a déjà eu les honneurs de ce blog et il faut le rappeler, Monsieur Dominique Amouroux dans son Guide d'Architecture Contemporaine en France consacre à ce nouveau quartier pas moins de six pages !




 
 
 

Il est donc aisé de retrouver des informations sur ce groupe scolaire qui est l'œuvre conjointe de messieurs Andrault et Parat associés à Nathan Celnik. On notera immédiatement que Jean Prouvé est crédité comme ingénieur car c'est lui qui fournira les panneaux de façades. Mais voilà, il y a une contradiction. Au verso de la carte postale, ne sont pas nommés messieurs Andrault et Parat mais Messieurs Bukiet et Joly...
D'où vient cette confusion ?
Peut-être que Joseph Bukiet étant l'architecte d'un ensemble de logements sur Orléans-la-Source a vu son nom associé à cette réalisation. On se rappellera aussi ici que nous connaissons déjà cet architecte pour le Musée de la Poste à Paris.







Mais on voit bien sur cette carte postale trois moments architecturaux. D'abord ce qui est facile à identifier, le groupe scolaire lui-même situé à droite. Puis à gauche cette belle nappe de carrés en pyramides inversées dont j'aime l'étendue presque régulière et qui est le restaurant. Enfin, au fond de l'image, on trouve ce très beau bâtiment que Dominique Amouroux nous signale comme étant une salle polyvalente et dont on admire déjà la structure !
Dans l'excellente mais rare revue Bois d'Aujourd'hui datée de 1970, je trouve un article complet sur cette salle polyvalente attribuée à l'architecte Nathan Celnik sous la direction du Cabinet Andrault et Parat. L'article de Raoul Verguez fait bien sûr l'éloge de la structure en bois mais c'est justice vu l'ampleur et la beauté de ce lieu. On regarde ?




 



 




On retrouve d'ailleurs cette salle polyvalente dans une publicité de la même revue mais en 1971, publicité pour le Contreplaqué DouglasFir Canadien ! Cela prouve que cette salle polyvalente a bien fait parler d'elle tant elle est exceptionnelle et mériterait bien d'être protégée :





Toujours dans cette même revue, on trouve une photographie de l'intérieur cette fois du restaurant universitaire, celui au premier plan de la carte postale, qui nous permet bien de comprendre le très très très beau jeu de construction de cette structure ! Quelle merveille ! Là également, c'est bien messieurs Celnik et Leguen qui sont crédités comme architectes pour le Cabinet Andrault et Parat. On les remercie !











Enfin, comme ultime preuve que le travail du bois pour cet ensemble est remarquable, la revue Bois d'Aujourd'hui en fera sa couverture et nous donne également une interview de l'Agence Andrault et Parat. Je vous donne les questions et les réponses ainsi que les images superbes de ces structures, on notera le pragmatisme des réponses données par Georges Rousseau au nom de l'Agence Andrault et Parat :

 

Nous demanderons, tout d'abord, à chacun de nos interlocuteurs d'essayer de définir cette technique toute neuve en France :


Peut-on tenter l'historique de ce type d'emploi du contreplaqué à l'étranger puis en France ?

 

Peut-on déjà, dans ce domaine parler d'une doctrine ?
 
 Et le problème du feu, qu'on s'attache actuellement à dédramatiser ?

Pensez-vous que dans l'état actuel des choses, que les bureaux d'études et les architectes soient suffisamment informés de ce problème des structures en contreplaqué et des solutions existantes ?
 
Comment réagissent devant ce type de structures, les opérationnels, depuis le maître de l'œuvre jusqu'au compagnon ?
 
Pouvez-vous commenter brièvement des expériences que vous avez vécues dans ce domaine ?



 




Sur cette photo, on retrouve Monsieur Celnik avec la maquette du projet dans les mains !
 

Si on retrouve bien le Lycée d'Orléans-la-Source dans la très belle monographie consacrée au duo Andrault et Parat publiée au Cercle d'Art, on s'étonne de ne pas y trouver les noms de messieurs Celnik et Leguen...
Mais on n'oubliera pas de dire aussi que cet ensemble doit beaucoup au très beau travail de Bernard et Yvette Alleaume qui firent là, sans aucun doute, l'un des plus beaux paysages qui soit et l'une de leurs œuvres majeures. Leur compétence à dessiner et inventer des espaces au pied de l'architecture dénote aussi une parfaite compréhension des enjeux de celle-ci. C'est admirable. On leur doit également le même type d'aménagement au pied de l'Université Tolbiac à Paris.
Il est donc grand temps maintenant, vu la qualité exceptionnelle et rare de ce lieu, tenant à la fois d'une réflexion sur le programme, sur l'économie, sur la préfabrication, sur l'utilisation de tous les matériaux de la construction moderne (bois, béton, métal) de classer et protéger cet ensemble tout entier en prenant en compte aussi bien des bâtiments que des espaces. Il s'agit de l'un des chefs-d'œuvre de cette période en France, en ne faisant pas de Jean Prouvé la seule porte d'entrée pour en saisir l'importance.
La carte postale l'avait déjà compris. Et les institutions ?
Merci de ne pas copier ces images et documents sans mon autorisation.

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