dimanche 9 novembre 2014

Cylindre divin, cylindre porteur




L'architecte Murat (dont je ne sais rien) a dessiné cette Chapelle St-Dominique Savio à Epinay-sur-Orge.
Du moins, c'est ce que nous affirment avec beaucoup de détails les cartes postales Combier toutes datées par l'éditeur de 1969.
Depuis cette carte postale de l'extérieur on est d'abord frappé par l'aspect tendu et ferme de l'ensemble dont le cylindre et les deux verticales aux coins arrondis forment l'essentiel de l'événement architectural.
À mieux y regarder, on devine pourtant que cette fermeture est percée dans toute la hauteur du cylindre d'une ligne qui laisse entrer la lumière. On perçoit d'ailleurs aussi la charpente qui déborde de cette ligne et nous raconte déjà en quelque sorte le mode de construction.
L'ensemble est en tout cas relativement anonyme à sa fonction, aucune croix, aucun vitrail, aucun signe ne dit qu'il s'agit d'une chapelle. Seuls, les éléments constructifs, par leur jeu formel, racontent sans doute l'habitude d'un campanile contre une forme basse.





Entrons :



Entre les bancs se place le photographe qui se tourne vers l'autel d'une blancheur immaculée. Mais ce qui fait déjà l'événement architectural c'est bien l'étoile des poutres en lamellé-collé qui viennent se rassembler comme un ciel de bois chaleureux sur un petit cylindre, poteau porteur de cette charpente. La convergence des lignes emmène donc le regard du croyant et du visiteur vers le point essentiel de ce lieu et de sa cérémonie : l'autel.



C'est habile et efficace car la liaison entre structure et symbolique est ici parfaite et simple aussi dans sa lecture. Et, certainement aussi, grâce au lamellé-collé, c'est en plus parfaitement économique. On notera que le cylindre est rétro-éclairé par un puits de lumière.
Rapprochons-nous :



Cette troisième carte postale nous permet de mieux jouir du mobilier religieux d'une très grande simplicité. Regardez les sièges (?) à la gauche de l'autel qui ne sont que des cubes de marbre blanc. Tout cela est net, blanc, et assez époustouflant comme une œuvre d'art minimaliste d'Artschwager ou de Sol LeWitt ! Il suffirait pour ce faire de nettoyer l'image de tous les signes religieux.





Deux bouquets de roses rouges déposées là sans doute par un ou une fidèle donnent un peu de poésie touchante à cette radicalité superbe.
Le blanc agit sans doute comme un écran sur lequel la cérémonie vient en appui. Les gestes, les paroles, les voix viennent alors en écho contre cet espace et deviennent le centre même de l'architecture et de sa raison d'être. Raison, oui.
La beauté simple mais savante d'un jeu de lumière ordonnées sur des formes géométriques définit l'architecture de Monsieur Murat.
On peut encore se promener dans Épinay-sur-Orge et constater ces qualités.





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