mardi 8 octobre 2013

Le dessin du sol


Dans une donation récente de Claude et Franck (merci !), deux cartes postales de la Grande Motte attirent étrangement mon œil non pas tant sur les architectures que sur le sol de cette ville naissante.
Cette première carte postale Combier nous montre le Point Zéro, merveilleux morceau urbain dont le rôle était de donner à voir la modernité de la ville, comme un centre névralgique nécessaire et commun à tous les visiteurs et utilisateurs de la Grande Motte.
Ce Point Zéro de l'architecte Balladur est une de ses œuvres majeures alliant architecture, espace urbain et œuvre d'art dans un dessin superbe. On voit ici très bien grâce à cette carte postale comment ce travail de dessin articule parfaitement dans des courbes libres la galerie marchande, des fontaines et un jardin. Regardez comment sur le gazon les gens ont laissé leurs matelas pneumatiques et leur parasol sur le gazon comme si la plage commençait dès ce lieu !



Je ne sais pas comment est ce Point Zéro aujourd'hui mais il y a quelques années, il était en bien piteux état alors même qu'il devrait, comme une déclaration d'intention de Monsieur Balladur, architecte de la Grande Motte, être traité avec égard comme on le ferait de l'image même du programme de la ville... Espérons donc que le regain pour cette architecture, pour ce patrimoine donne une chance à la Grande Motte de voir tous ces détails, toutes ces particularités retrouver leur dignité.



Comme souvent, les cartes postales posent une histoire, inventent un moment.
Sur celle-ci, une édition Mar, on retrouve le quartier de la Motte du Couchant, dans ce que l'éditeur nomme "la ville de l'an 2000" !
Le photographe vise l'une des constructions si typiques de la Grande Motte offrant courbes, béton blanc, verdure dans une articulation des espaces qui essaie d'offrir à tous le même programme : la mer et la nature...
Mais je regarde ici comment les espaces sont partagés dans cette image : au premier plan un parking dans sa bêtise utilitaire dont seuls les marquages et les automobiles offrent un spectacle. Les autos peuvent donc venir jusqu'ici.



Puis un autre espace très curieux entre ce parking et l'immeuble courbe, espace gris qui semble avoir reçu des aménagements dont on ne comprend pas très bien le sens depuis cette carte postale. À quoi servent donc ces aménagements-ci ?





On s'amusera aussi de ces rochers posés là, l'air de rien, l'air de tout, au gré des désir de qui ? On comprend pourtant que cet espace est dessiné, n'est pas laissé au hasard. Le parking est bien séparé par une barrière végétale encore frêle, barrière visuelle pour protéger les habitants de cet immeuble de la vue sur ce parking.
Puis vient cette rangée de petites constructions formant en arc de cercle, une barrière entre l'espace public et l'espace privé de la résidence qui porte en son centre un jardin déjà bien vert. Regardez l'étroitesse des passages pour y accéder... Sont-ils encore ouverts à toutes circulations piétonnes aujourd'hui...?



Si une visite par l'œil d'un satellite nous offre des réponses sur l'espace vacant au premier plan de cette carte postale, puisqu'aujourd'hui une autre résidence y est construite (!), on devine encore très bien les petits espaces rectangulaires laissés là sans autre changement. Je reste circonspect quant à leur rôle et leur position.
Un changement d'attribution de terrain ? Une gratuité de geste offrant une variété des espaces ? Un rangement commun pour les déchets et les poubelles ? Un boulodrome ?
Ce qui est certain c'est que la construction d'une résidence devant celle photographiée change beaucoup cet espace, restreint maintenant à un couloir entre les deux immeubles. Le changement pour les nouveaux acquéreurs a dû être bien spectaculaire même s'il devait être prévu.
Et je tiens le pari que les passages mi-privés mi-publics sont aujourd'hui fermés comme c'est souvent le cas maintenant par exemple aux Hautes-Formes de Monsieur Portzamparc à Paris devenus inaccessibles ou dans l'ensemble de Monsieur Zublena au Mans dont la placette publique est redevenue récemment un bien privé.
Il semble qu'en terme d'aménagement urbain public, il ne faut pas être trop généreux avec de l'espace privé sous peine de le voir simplement se refermer à jamais...

5 commentaires:

  1. Très déçu par la fermeture des HAUTES-FORMES. La théorie de PORZAMPARC des ilots ouverts tombe à l'eau...Reste BERCY SAINT EMILION. . .

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  2. Oui Daniel !
    les théories...et les pratiques !

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  3. Les aménagements mystérieux ne sont pas des terrains de pétanque?

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  4. Oui Tom, je fais allusion aussi à cette possibilité. je crois bien qu'il peut s'agir de cela même si la piste me semble un peut courte pour le pointeur que je suis !
    Merci !

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  5. Bonjour ! J'habite à la Grande-Motte et je peux répondre à certaines de vos questions ...

    1. Oui ce sont bel et bien des terrains de pétanque, ils y sont encore actuellement.

    2. Au premier plan il n'y a aucune résidence de construite : la verdure est toujours là et forme un petit espace de détente à quelques pas de la mer. Si vous parlez du "couloir" que forme le passage entre cet immeuble ("Bahia') et l'immeuble d'en face ("Parador"), il est déjà présent à l'époque de cette carte. Cette petite allée a toujours été l'une de mes préférées : les roches que l'on peut voir sur cette carte ont eté "percées" et dispatchées par la suite le long de cette allée, formant des fontaines. Malheureusement, l'eau n'y coule plus depuis fort longtemps ...

    3. Les passages mi-privés mi-publics sont encore ouverts, non grillagés !

    En espérant avoir répondu a vos interrogations !

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