lundi 3 mai 2021

Just do NOT Paint, Saint-Brieuc

 Je jubile.
 Un Architecte des Bâtiments de France* prend une décision courageuse et forte sur le déferlement académique du Street Art.
Si cette pratique a sans aucun doute une culture, il est tout de même heureux de lui rappeler quelques gardes-fous ne lui permettant pas de se croire tout et tout le temps tout permis au nom de la démagogie de la politique culturelle "pour tous" ou pire au nom de la Beauté pour tous.
Et on s'amuse de l'étonnement innocent et naïf des organisateurs-artistes ou des propriétaires Goldorak de voir soudain que l'espace public est régi par la démocratie et la République et non pas la sainte et inviolable liberté d'expression opposant un soi-disant art populaire à la réalité du Patrimoine et surtout, opposant à la liberté de ne pas subir la liberté esthétique de l'autre qui croit seulement en son désir immanent...
Je suis libre et je t'emmerde avec ma liberté.
Dans une salle d'attente d'un médecin, lorsque l'un des patients se met à écouter sur son téléphone sa musique en haut-parleur, on est en droit de lui demander de l'éteindre ou de mettre un casque. C'est la même chose avec cette pratique du Street Art devenu le refuge des peintres qui exercent leurs fantasmagories post-adolescentes et surréalisantes** épuisées sur les murs de nos villes, parfois réclamant leur autonomie culturelle et parfois voulant s'acoquiner avec les politiques culturelles, voir même, se faire subventionner. C'est selon leur croyance en la Force Publique et leur courage face à elle.
La ville de Saint-Brieuc avait-elle à ce point besoin d'être populaire pour croire que la culture des jeunes doit forcément passer par le bruit in situ de fresques criant leur liberté d'expression ?
Heureusement...heureusement l'Architecte des Bâtiments de France  a eu le courage et la lucidité de dire stop !
Enfin stop !
C'est un vrai acte de résistance culturelle. Bravo pour ce courage.

Espérons que cela serve à l'avenir de jurisprudence et que le Patrimoine architectural qui n'a pas toujours besoin de couleurs puisse retrouver le calme et la sérénité de ses façades silencieuses d'images parce que le silence est souvent un écran de projection de chacun, écran qui doit rester libre à nos propres rêveries.
Quand on impose sa culture et ses images, on sait de quel bord de la liberté on appartient.
Oui la Ville est faite de règles de vivre ensemble. Non la bonne volonté et croire bien faire ne sont pas la loi. Oui, l'art est une chose fragile et la culture un instrument politique. Il est donc bien que le privé et le moi (toujours libéral) soient aussi parfois calmés par le nous : on appelle ça l'urbanité.

Merci encore à cet Architecte des Bâtiments de France courageux.
Et vive le muralisme quand il est porté par l'adéquation d'une architecture et d'un message poétique et politique. Tout le monde n'est pas Diego Rivera, Fabio Rieti ou Ernest Pignon-Ernest.

* je n'ai pas son nom mais je voudrai bien lui envoyer des chocolats.
** toutes mes excuses au Mouvement Surréaliste, lui, véritable brulot révolté, fulminant et sincère.






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