samedi 9 avril 2016

Morcenx, les maisons rondes tournent à vide



D'abord je remercie mon ami David Michael Clarke de m'avoir alerté.
On le sait notre Patrimoine architectural moderne et contemporain est menacé. Il l'est d'autant plus qu'il concerne des constructions modestes, de peu, des petites choses perdues qui n'ont pas eu la chance d'avoir comme créateur des grands noms évocateurs d'histoire de l'architecture. Et encore... On connaît des œuvres de Jean Prouvé qui, bien que classées, pourrissent lentement... (Ermont)
Il est alors devenu presque naturel aujourd'hui lorsqu'une œuvre de ce type est détruite de voir se mettre en route le travail mesquin de la Mémoire comme consolation à l'inertie des pouvoirs publics et privés et même à leur complicité.
C'est le cas ici :




Nous sommes devant la Cité des chênes à Morcenx dans les Landes, Cité dite "des maisons rondes".
La carte postale des éditions Lapie expédiée en 1963 ne nous donne pas le nom de l'architecte mais il n'est pas difficile tout de même de se réjouir de ce type de construction et de son originalité. Au moins, c'est déjà ça. Certes, il n'est pas question ici de crier au génie architectural de cette Cité des chênes, ni même de croire que ces maisons seraient des éléments historiques de premier ordre mais il est tout de même intéressant de se poser les questions de leur fondation, du sens de leur architecture, de la particularité de leur plan, bref de l'histoire de cette particularité et originalité qui, avouons-le, ne débordent pas outre mesure à Morcenx...
Comment peut-on devant un ensemble aussi bien constitué, aussi étrange même, aussi unique en France ne pas se poser la question de leur pérennité ou du moins de leur maintien dans le paysage et donc dans notre histoire ? À l'heure de la peste pavillonnaire qui envahit nos paysages en France sous le lobby des lotisseurs soutenus par les mairies friandes de jeunes couples avec enfants venant remplir les écoles, il pourrait tout de même y avoir là une réponse historique, une culture architecturale à préserver pour évoquer d'autres modèles, d'autres styles et d'autres politiques du logement...
Et non...




Alors on émet les regrets, on fait semblant d'être sensible pour ne pas dire la vérité. Celle d'un profond désintérêt camouflé en démagogie culturelle, celle d'un promoteur louchant sur les terrains. Oh mais rassurez-vous, on gardera les histoires, on enregistrera les paroles, on fera une œuvre contemporaine avec une artiste qui sera toute contente de dire, sur le cadavre, qu'elle a produit une œuvre pour dire combien on regrette l'arrivée des pelleteuses, on versera la larme démagogique puissante, celle qui rince l'histoire au profit du... profit.
Pourquoi ne pas réhabiliter ? Pourquoi ne pas assumer l'héritage ? Pourquoi ?
On a les réponses, toujours les mêmes : le coût. Ce coût que personne ne veut prendre en charge simplement parce que, voyez-vous, il est l'excuse première, rapide, simple et imparable. Pourtant il existe des intelligences et des procédés pour restaurer, réhabiliter, inventer même des transformations mais il faut chercher, éduquer, prendre du temps que personne ne veut avoir simplement parce que, comme d'HABITUDE, il faut faire vite pour remplacer des années d'inactions et de prévoyance sur des bâtiments que l'on n'a pas su regarder, aimer et penser comme des agents patrimoniaux.
Lisez donc cet article et voyez comme vous pourrez remplacer Morcenx par n'importe quelle ville, la Cité des chênes par n'importe quelle autre cité et le nom de l'artiste contemporaine par n'importe quel autre. C'est sidérant les arguments.
http://www.sudouest.fr/2016/03/28/elles-ne-tour-naient-plus-rondtable-rase-d-un-passe-morcenaispour-conserver-la-memoire-du-lieu-2314641-3452.php 

Alors il n'y a rien à faire. La DRAC de la Région Aquitaine n'aura rien tenté ? Monsieur Xavier Arnold vous êtes là ? Comme pour le club de voile de Pauillac....? Les maisons rondes ne sont même pas dans la Base Mérimée...
Le maire est tout triste, oh mince...
L'artiste est à l'écoute oh c'est gentil...
Et le promoteur et le lotisseur sont à l'affût....
Cela va de soi. Dormez tranquillement.
Le trio est en place pour l'avenir du Patrimoine architectural moderne et contemporain en France.




 

 

 





5 commentaires:

  1. Bonjour, je découvre aujourd'hui vos articles concernant les maisons rondes de Morcenx, car je travaille avec mon frère sur les inventions et créations de notre père Raoul Waroux (1908-1969. Je suis heureuse de découvrir des photos aériennes de ces maisons, car c'est lui qui les a imaginées à la fin des années cinquante. Il n'était pas architecte mais ingénieur à l'EDF et s'est souvent, pour ses activités, déplacé jusqu'à la centrale d'Arjuzanx. Il a donc eu l'idée de créer ces maisons pour le personnel de la centrale. Nous possédons encore à la maison certaines des maquettes - qui faisaient notre joie quand nous étions enfants. Comme vous l'écrivez "c'est encore un peu de mémoire qui s'effrite", dans l'indifférence.

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    1. Bonjour Rosine,
      D'abord merci pour votre comentaire et vos informations. je suis heureux de pouvoir mettre un nom sur le concepteur de ces maisons. Si vous désirez que je publie et diffuse d'autres documents sur son travail, n'hésitez pas ! Il serait bien que nous puissions rendre davantage hommage au travail de Monsieur Waroux. Bien à vous.David Liaudet

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    2. Ce n'est pas Raoul Waroux qui a conçu et construit les maisons rondes de Morcenx c'est mon père André Bergès architecte: les maquettes des maisons, je les connais moi aussi très bien: c'est mon père qui les avait données à son meilleur ami Waroux! La mémoire joue des tours à certains semble-t-il...

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  2. Bonjour Monsieur, Pour information, le "travail mesquin de la mémoire" ;) est à mon initiative personnelle et à mes frais. Vaut-il mieux quelque chose plutôt que rien? . En 2007, j'ai découvert la cité des Chênes et c'était pour moi, un lieu fascinant au cœur des Landes où j'ai résidé durant 7 ans. En 2014, j'ai appris la possible destruction de ces maisons et il me semblait incompréhensible que ces créations soient réduites en poussière. J'ai pu échanger avec plaisir avec Mme Waroux autour de l'histoire de cette cité et du travail de son père. J'ai dialogué avec d'anciens employés de la mine qui donc résidaient dans ces maisons et qui avaient été très heureux d'évoquer cette période et cette cité. Ces personnes sont décédés il y a deux ans... J'ai aussi rencontré des enfants qui lorsqu'ils dessinent leur maison à l'école, dessinent une maison ronde et évoquaient la curiosité de leurs copains et copines de classe. Enfin, nombreux allers-retours autour de l'histoire de ce lieu. Et j'aimerais volontiers échanger avec vous à propos de cette cité. Bien à vous. Valérie C

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  3. J'ai habité une de ces maisons de 1962 à 1966.

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