mardi 24 décembre 2024

25 ans de retard c'est de l'avance ?

 



En cette fin d'année, je me demande ce que signifie le ralentissement de ce blog. Certes, je trouve encore des bâtiments à vous montrer, certes, l'analyse des images et du médium que sont les cartes postales me réserve encore un peu de choses à vous dire mais il faut bien l'avouer, parfois, j'ai l'impression d'avoir fait le tour de la question.

D'ailleurs d'autres s'en emparent et des jeunes m'interviewent pour faire qui un mémoire qui une thèse qui un article. L'avenir est d'ailleurs dans leurs mains et il semble qu'une nouvelle génération regarde l'Architecture du Vingtième avec une bienveillance nouvelle, dans l'air du temps, entre surprise un peu fantasmée des Trente Glorieuses et prise de conscience de la disparition. Mais c'est trop tard. Et le sursaut des DRAC et des A.B.F sur les constructions du XXème sont bien trop tardives. Ils ont simplement, maintenant, vingt cinq ans de retard. Vingt cinq ans.
Et le Patri-washing bat son plein. On biberonne les jeunes architectes et artistes aux sciences humaines (philosophie, anthropologie, sociologie (et pas toujours la meilleure)) pour en faire des agents éclairés des "réhabilitations" qui sont souvent des dégradations déguisées en attention. L'enfer est toujours et encore pavé de bonnes intentions. Et surtout, c'est devenu grâce à l'écologisme un nouveau marché pour trouver du travail à ses jeunes architectes devenus des chercheurs en sociologie chargés de prendre en compte l'histoire des lieux et leur "mémoire", pour se donner le droit d'en éradiquer les spécificités. Les exemples parfaits et absolument transparents à cela sont, dans l'ordre de leur spectacularistion : les Tours-Nuages d'Émile Aillaud, véritable drame et honte, Toulouse-le Mirail grignoté tout doucement (pourquoi donc cet ensemble ne fut pas protégé il y a vingt cinq ans ? Qui en avait le pouvoir et n'a rien fait ?) ou la Tour Montparnasse devenue Tour Hidalgo de la Communication écolo-libérale parfaite à sa propre éradication à venir. Et tant et tant et tant d'autres, tous les jours on apprend de nouvelles transformations.

Mais qui sait ce que devient l'école d'architecture de Nanterre ? Qui pour pointer du doigt ceux (agents du Patrimoine d'alors) qui n'ont rien fait pour la classer ? Que va devenir l'icône absolue qu'est la Maison du Peuple de Clichy dont on a vu comment elle fut abandonnée à la fois par les institutions locales du Patrimoine (régionales, municipales) mais aussi par le Ministère de la Culture. Faut croire que de ministre en ministre le mot est passé de ne rien faire...

On voit aussi comment l'exceptionnalité, l'étrangeté, le truc bizarre et marrant, l'icône reconnue et instagramée sont pris bien plus au sérieux  que les éléments urbanistiques ou architecturaux qui ont pourtant façonné l'idée de la Ville au siècle dernier. Ainsi on sauvera l'église moderne (et encore pas toujours) au milieu de la Cité mais on laissera détruire le plan d'urbanisme, le sens des circulation, le rapport à l'espace et l'architecture-même du Hard French dont les mots de la Novelangue font des "passoires thermiques", des "lieux d'insécurité" et donc des actions politiques possibles pour des politiques en manque d'actions sociales visibles et surtout visibilisées par le spectacle de la dynamite salvatrice. Boum, quand notre coeur fait boum dans un monde où le manque de logements construit un étrange parallélisme avec la destruction radicale de bâti.

On pourrait penser que face à certaines icônes les institutions patrimoniales ont un peu honte de la visibilité de leur manque d'action. Vous comprenez sauver la piscine Tournesol c'est plus sympa que sauver la Cité Trumuche que tout le monde ne perçoit plus que comme la plaque tournante d'un marché illicite. En réunion, face à la presse, on se donne le change d'une action symbolique. Mais si, mais si, regardez on a sauvé la piscine ! Voyez comme nous sommes attentifs à la mémoire des gens....On a fait venir une écrivaine et un artiste contemporain pour faire un travail avec les habitants. Youpi.

Alors bon, oui, il y a de bonnes nouvelles et même si c'est trop tard on peut tout de même voir un léger sursaut. Mais on sait à qui on ne le doit pas. On ne le doit pas aux institutions en charge de ce Patrimoine.
Toutes ces institutions...et leur fameux Label Architecture Remarquable qui reste la preuve évidente d'un manque de courage à classer. Faudrait tout de même pas trop en faire.

Je reste donc un rien chafouin, dans le doute, dans l'attente d'un vrai sursaut qui devrait prendre en compte ce retard de vingt cinq ans. J'attends un mouvement national, un désir venant d'en haut, un ordre, un enthousiasme peut-être. Et qu'on arrête, putain, qu'on arrête de faire semblant comme je le crains par exemple à Royan où si le Front de Mer semble vouloir retrouver un peu de légèreté c'est par sa nouvelle transformation ratée car n'ayant strictement rien compris à l'écriture d'origine au profit d'un projet fait de mots attendus et d'une politique de la ville voulant démagogiquement servir une population qui attend un certain vocabulaire : végétalisation, cyclable, pseudo-attention à l'écriture des années cinquante...épouvantable petit cirque et vocabulaire d'une agence servant la soupe de la tranquillité retrouvée. Ils ratent tout les politiques même la chance de tout retrouver. Pourvu que cette équipe d'aménageurs ne s'occupe pas des galeries Botton !

Allez...Réjouissons-nous. Une nouvelle génération arrive. Elle va s'en doute s'occuper dès à présent de l'héritage des années 90 et 2000. Espérons que les institutions aient déjà commencé à faire un bilan, à travailler sur des classements ou un inventaire car le délai de vingt cinq ans est arrivé. Alors ? Chiche ? Ce siècle a vingt cinq ans. Qu'allons-nous protéger ? Sauver ? Avec quelle énergie ? 2025 sera en avance ou encore en retard ?
Oh...en retard non ?

Pour illustrer cet article plein de bonne foi et d'optimisme, j'ai choisi une carte postale que j'aime beaucoup. Parce que c'est, en quelque sorte, de là que vient ce que je suis, ma parole, mes doutes, mes rêves, une certaine idée de l'architecture. C'est vous dire qu'il m'aura fallu beaucoup travailler et ne rien regretter, ne rien bouder et surtout ne jamais, face à ce monde, en avoir honte.
Bonne année 2025.

Pour revoir certains articles de 2024 :

Et n'oubliez pas d'écouter les Chroniques Corbuséennes sur Radio On.









mardi 12 novembre 2024

Mon Japon est comme ça

 Donc... j'ai acheté aussi un petit lot de cartes postales du Japon. Je me suis laissé dériver dans mes achats passant un peu outre la définition de ma collection pour me laisser happer par des images réjouissantes, m'offrant en quelque sorte l'idéal de ma vision d'un certain Japon, mega-urbain presque dystopique ou très cinématographique.
Un Japon de rêve.
Les plus fidèles de mes amis ont déjà une idée de l'autre Japon que j'aime :

Alors pourquoi ne pas passer un petit moment dans ces images, dans ces villes, au milieu d'une histoire déjà lointaine, très lointaine. On essaiera au passage de trouver quelques pistes d'architectes si possible mais ce ne sera pas très grave si on n'y arrive pas. On fera semblant que tout cela n'est qu'imagination.

Et voilà :


On ne peut rêver mieux que cette vue d'autoroutes qui se chevauchent, qui se mêlent, qui dominent presque les habitations et dont on ne peut croire à aucune logique urbaine précise. Au fond, domine une tour d'une grande banalité dont on nous apprend en français qu'il s'agit du gratte-ciel Kasumiga-seki.
Ce gratte-ciel a le droit à une belle page Wikipédia ce qui m'étonne, tout comme sa date de construction : 1965-1968.
L'éditeur porte un nom qui me réjouit et ouvre encore plus mon imaginaire du lieu : Nippon Beauty Colour !

Du même éditeur :



Là encore on dirait que l'on veut nous donner une leçon d'urbanisme. Au premier plan de minuscules constructions aux toits de tôle et au loin, comme une promesse à venir, des tours et des barres qui surgissent au dessus. Un peu de verdure, un ciel parfaitement bleu et voilà une image assez spectaculaire. Mais on ne nous donne pas les noms des tours et des architectes de ces monstres peu fantaisistes.
Celui de gauche est le fameux Sunshine 60. Il est encore bien isolé. Mais qui est celui tout blanc à droite ?
Il s'agit du Prince Hotel dont je ne trouve pas l'architecte.

Et là ? Vous comprenez le point de vue, ce qu'il veut nous raconter du Japon ? Regardez bien ce qui est visé. Vous voyez ?


Alors j'imagine que tout comme moi vous avez d'abord visé les immeubles dressés dans une concentration déjà impressionnante ! Regardez-moi ce prospect hyper-serré des deux tours dont la fameuse et si belle tour Sinshuku Sompo Japan ! On dirait qu'elles vont se toucher ! Être au sol entre les deux et lever le nez doit être une sacrée expérience ! Mais voyez-vous le Japon ? Je veux dire : voyez-vous son essence ? Oui ! Le Mont Fuji tout au loin ! Et bien évidemment il n'est pas dans le cadre pour rien...Et j'aime aussi ce tapis urbain qui coure devant les tours et qui se poursuit derrière presque jusqu'au pied du Mont Fuji. Incroyable. On devine aussi le chantier d'une tour en construction.



Les immeubles ont bien poussé ! Vous voyez, on retrouve le Sompo derrière ! On pourrait se croire à La Défense. Comment ne pas aimer ce rassemblement de buildings tapant dans un bleu un rien exubérant. On ne pas dire ici encore que ces tours réclament à être vues. Elles sont tout de même assez attendues dans leur grille, pas trop de fantaisie là encore. Pourtant je ne peux m'empêcher de trouver leurs variations comme un jeu optique, comme l'envie tout de même de faire vibrer les fonds d'oeil. Aucun nom d'architecte là encore pour cette belle carte des éditions Nippon Beauty Color

Pour finir voici deux vues aériennes montrant le bazar des petits immeubles et petites constructions qui semblent naitre comme ça sans aucune réponse les unes pour les autres, sans planification particulière, une sorte de souk urbain fabriqué par des autonomies architecturales. On note juste une certaine hauteur à peu près respectée. Pour le reste...c'est confus visuellement et j'adore ça.
Il y a pourtant une icône qui traine dans ce foutoir. Si...si...saurez-vous la retrouver sur la première carte ?




dimanche 10 novembre 2024

Alger, des vues indépendantes

 Hier matin, dans la boite à chaussures d'un vendeur que je vois régulièrement, je me décide pour une série de cartes postales du Japon et d'Algérie. Nous avons déjà évoqué ici un certain point de vue sur l'Algérie, je vous laisse le lire ou le relire.



La carte postale que je fus alors le plus heureux de retrouver fut celle, bien entendu, de l'Aéro-Habitat puisque, vous le savez, j'ai fait une demande d'inscription au Label Architecture Remarquable pour des logements ici dans ma ville, logements dessinés par le même architecte : Louis Miquel.
Ne dirait-on pas, si on regarde vite, la façade d'une Cité Radieuse ? 
La carte postale est une édition Jomone (où sont vos archives ?) qui ne nomme ni le photographe ni l'architecte.



Je trouve à nouveau cette belle carte postale de la Cathédrale d'Alger et j'aime bien retrouver mes icônes. Comment résister ? Ici une belle édition Jefal non datée, sans le nom des architectes : Herbé et Le Couteur que nous connaissons bien au Mans.



Mais voici une carte moins commune nous montrant la Cité universitaire d'Alger (Ben-Aknoun). On y voit un pavillon pour Jeunes Filles et cette fois le nom d l'architecte est bien indiqué : François Bienvenu.
Et elle est bien belle cette petite barre qui se courbe ! Le dessin évoque un peu l'architecture des maisons de repos ou des stations thermales. L'écriture est résolument moderne, on sent un peu un Art Déco finissant et on comprend que François Bienvenu a voulu offrir à chaque chambre un balcon qui fait office de coursives (?) et une orientation identique pour tout le monde. Magnifique petite construction et découverte !
Vous trouverez sur site un grand plein d'informations d'époque sur cette Cité universitaire :



Pour finir, un vrai monstre.
Cette carte postale Jefal nous montre l'Hôtel Aurassi qui est un archétype d'une architecture internationale. Il s'agit d'une icône de l'architecte au modernisme baroque : Luigi Moretti !
On pourrait être au bord de la Mer Noire, au Brésil...mais on est bien en Algérie. Ce qui est beau et impressionnant c'est bien l'articulation des deux blocs l'un sur l'autre et cette rampe qui amène les autos dans le parking. Quelle grosse machine autoritaire, brutale, franche ! J'adore ! Comme souvent avec ce genre de monstre il est difficile d'en rendre compte en photographie car il faut, pour l'appréhender en entier, se...reculer et donc ne pas très bien permettre d'en lire les détails. J'aurai bien aimé trouver d'autres points de vue et aussi des vues de l'intérieur...Pour une autre fois ?





mardi 29 octobre 2024

Pour fabricants d'atlas et blanchisseurs de ciel

 Alors que je cherche mollement une nouvelle proposition d'article pour ce blog, j'hésite entre vous parler d'un V.V.F en Bretagne ou vous parler d'un Hôtel de Ville dans l'Indre. Je ne sais pas trop ce qui me fait penser que vous pourriez préférer le deuxième mais c'est bien celui que je choisis. Peut-être que par sa représentation, il affiche certainement bien plus la forme idéale de ce que vous attendez ici sur ce blog : une grosse machine un peu moderne, un peu brutaliste, passant un peu à coté de l'histoire mais ayant tenté (et réussi ?) à combler un besoin et à répondre à un programme en Province avec une certaine fierté imposante, celle d'une architecture volontairement contemporaine, presque trop définitive.

La voici :


Vous aurez compris que je ne peux pas laisser passer une telle représentation et donc une telle architecture ! Alors j'adore bien entendu ce genre de carte postale nous montrant de front de beaux blocs s'articulant avec bonheur sur un coin de rue, construisant en quelque sorte la ville autour d'eux. On notera aussi que le jeu des couleurs (tout est adouci de blanc) rend l'ensemble assez lumineux, assez clair, assez limpide presque amical. J'aime surtout la massivité et l'audace un peu bravache de ce morceau d'architecture qui voudrait un peu trop affirmer qu'il existe. "Regardez-moi" en quelque sorte.


Difficile de chanter une qualité particulière mais on sent tout de même là un vrai désir de faire travailler l'angle de la rue et de jouer avec la parcelle bien ingrate. Il fallait être malin pour, à la fois, faire une architecture qui se raconte (sa fonction d'Hôtel de Ville oblige à une certaine puissance) et faire un nouveau morceau de ville articulant justement, à la ville ancienne, cette nouvelle plate-forme de services.

Et cela remplace quoi ?

Le photographe qui est aussi l'éditeur, Monsieur M. Roussel (de Chateauroux) a fait le choix d'une vraie carte postale : frontalité, verticales redressées, ciel bleu, soleil franc et vide relatif de l'animation, seule une dame traverse la ville vide en visant la présence du photographe Mr Roussel. Et voilà ! Cliché parfait, presque trop, d'une certaine idée de la France et de son architecture de Province si décriée aujourd'hui, voir moquée au second degré par une certaine vision bourgeoise de la Photographie Contemporaine.
Vous savez tous maintenant de qui je parle, vous savez les fabricants d'atlas et les blanchisseurs de ciel.
Sur le magnifique et colossal site PSS, je trouve la liste des architectes de ce beau morceau : Pierre Bouguin, Gisèle Fiaud, Jean Maret, Marc Mogenet.
Si on en croit ce site, il semble bien que Pierre Bouguin ait rempli la ville de Chateauroux de son architecture et notamment d'un Hard French de bon aloi amoureux des grilles et des orthogonalités. C'est presque un archétype du genre. Je me précipite dans mon classeur Hard French mais je fais chou blanc...Tant pis ! Pour une autre fois.
Alors la question reste posée : comment regarder et appréhender ce genre d'héritage aujourd'hui ? Au delà du jeu des images aussi poétiques et bavardes soient-elles, il est difficile de penser (surtout pour l'héritage du Hard French) que le travail à Chateauroux d'un architecte de Province, Mr Bouguin, résiste à l'histoire. On verra...
Non, c'est tout vu.






samedi 5 octobre 2024

l'affaire du Foyer Moïse, l'enfer pavé de mauvaises intentions

 J'avais soutenu l'idée que le Foyer Moïse, foyer pour travailleurs construit dans la veine de l'héritage moderniste (humanisme-fonctionnalisme) puisse être sauvé. Ce beau bâtiment, intelligent dans ses fonctions et chargé d'une histoire nécessaire mérite bien d'être du patrimoine. J'avais même signé la pétition.

Ce matin, sur Linkedin (qui n'en finit pas de me réjouir sur le Patri-washing) je tombe sur ce texte :




Et là...je ne peux évidemment pas cautionner par ma signature un tel délire affecté d'héroïsme vintage à la Guy Debord. On dirait de l'agit-prop des années Pompidou. C'est ridicule d'instrumentaliser ainsi un juste combat patrimonial pour en faire un palier à une idéologie et ce, quelque soit l'idéologie et quelque soit le patrimoine qui, justement, dans sa définition devrait être l'espace du débordement des idéologies, la définition d'un bien commun apaisé. Laisser croire que les institutions refuseraient la patrimonialisation de ce bâtiment à cause d'un racisme systémique et larvé est vraiment ridicule et cela d'ailleurs affaiblit dans le même temps le combat patrimonial et le combat contre le racisme. Double peine en  quelque sorte.

On imagine la réaction épidermique des dites-institutions (dont on ne pas m'accuser de toujours être en accord avec elles...) devant l'utilisation d'une telle massue idéologique ! On dirait des ados énervés.  Et puis, on sait la misère en France de l'attention au Patrimoine Moderne qui a bien des raisons systémiques d'exister mais qui ne sont pas de cet ordre. La légitimité d'un combat ne peut prendre de l'épaisseur que si les armes pour le défendre sont les bonnes. 

Alors, certes, il ne fait (sans doute ?) aucun doute que ce Foyer Moïse est possiblement patrimonialisable dans son histoire, son usage, son architecture et dans l'accord assez rare d'une construction à son usage. En tout cas, on a bien le droit d'en débattre. Cela fait partie de notre histoire de l'architecture mais aussi du monde ouvrier tout comme la Maison du Peuple à Clichy si on veut bien faire descendre la hiérarchie des chef-d'oeuvres à ce point. Pourquoi pas...

Mais si cela doit d'abord être un étendard à l'agitation politique qui ressemble bien à une instrumentalisation de l'idée du Patrimoine pour affirmer des positions assez peu claires politiquement (enfin si...) et des accusations ridicules mais aussi assez graves alors je crois que ce n'est pas du tout ce que je défends ici. Je pense que le combat pour la reconnaissance du Patrimoine Moderne mérite bien plus une profondeur scientifique, une culture plus large de nos élus, de la population, de nos représentants culturels, et de nos étudiants et étudiantes sur cet héritage. Mais alors mettre de la lumière sur un morceau oublié ne doit pas se faire au détriment d'une certaine tenue qui est le signe non pas d'une collaboration active à des pensées racistes mais bien une analyse juste par le débat de ce que, en commun, nous considérons comme du Patrimoine.

Et puisque les anonymes de Échelle Inconnue ont l'air de s'intéresser aux combats patrimoniaux et à la justice social et son histoire, je leur conseille de se mobiliser aussi pour la synagogue d'Elbeuf.

L'un n'empêche pas l'autre, il parait....

David Liaudet

Pour voir ce bâtiment et ses défenseurs (dont je fais partie mais pas comme ça) :

https://www.echelleinconnue.net/accueil/foyer-moise/foyer-moise.html

Dernière minute !

J'ajoute la Chronique Corbuséenne (sur Radio On) entièrement consacrée à cette "affaire" et son traitement. La Chronique commence à 1H28min55sec. Bonne écoute en différé.

https://radio-on.org/podcast/radio-on-84-1984/?fbclid=IwY2xjawG5BVNleHRuA2FlbQIxMQABHWvZEbdwbvjFJGbBgtBnvHX-31Ndr60OKt6z71qXy69d1-ojmq_TzD1rZQ_aem_OHOgAxpT2hOQ9bHPVvZIHA



mardi 17 septembre 2024

Linkedin et Ronchamp : étonnements et réalité

 


Sur mon fil d'actualités du célèbre site Linkedin, je vois un article de Rafael-Florian Helfenstein consacré à la restauration de La Chapelle de Ronchamp et qui s'étonne que celle-ci ne soit pas que de béton mais qu'elle est aussi en grande partie faite de pierres. Il a bien raison mais c'est cet étonnement qui m'étonne un peu.



Il suffit de regarder les images du chantier (celles de Charles Bueb par exemple) pour savoir cette vérité bien connue, peut-être, c'est vrai, seulement des aficionados de Corbu. Mais cela est assez signifiant de l'image que l'on se fait de Le Corbusier dont les titres ronflants ou populaires de roi ou pape du béton armé ont inscrit dans l'imaginaire collectif son impossibilité d'avoir oeuvré autrement qu'avec ce matériau. Il y a bien de la pierre chez Corbu, de la brique et du bois aussi ! Voir les fameux et étranges Murondins.
Et comme par un hasard heureux, j'ai trouvé il y a peu (elles sont arrivées hier dans ma boite aux lettres) ces deux photographies :




Je les avais d'abord acquises pour leur représentation assez rare sous ces angles de l'Abri des Pèlerins mais si on regarde bien, on voit clairement le chantier de La Chapelle en cours et donc...les pierres montées les unes sur les autres. Voilà qui est clair.
Comme il s'agit pour ces deux photographies aux bords blancs de photographies de particulier, elles restent anonymes et ne sont pas datées non plus. On aurait aimer voir des clichés du chantier de La Chapelle elle-même. Impossible de savoir si ce photographe en a fait ou s'il a décidé de photographier uniquement les bâtiment achevés. C'est le drame de la récupération des archives privées, à la fois toujours possiblement originales et souvent parcellaires et peu éclairantes sur les désirs du photographe. Cela restent de superbes et rares documents et l'ambiance des images, vous avouerez, y est assez particulière.

Alors il faut remercier Rafael-Florian Helfenstein d'avoir divulgué son étonnement car il est toujours, toujours bien de jubiler de nos découvertes, de nos surprises et de vouloir les partager. 
En espérant qu'il ait d'autres choses à nous faire découvrir et que ce blog et notamment l'histoire de Charles Bueb lui permettent d'autres enchantements.
Bien à vous.
David Liaudet

Pour revoir Ronchamp en chantier :

Pour revoir toute l'histoire de Charles Bueb et de Ronchamp :






dimanche 8 septembre 2024

Royan, Nouvelles Vagues...

 Je ne compte plus les articles sur mon blog relatifs au Front de mer de Royan encore actuellement totalement défiguré et dont le portique a disparu.
Alors quand j'apprend qu'enfin les travaux vont commencer et que les "vagues" vont disparaître, je ne vais pas bouder mon plaisir et je vais féliciter la mairie de Royan de prendre les choses en main.
Reste à voir ce qui va prendre place...
Là...
Si on en croit ce qui est présenté, il ne s'agira pas de revenir à un état d'origine mais bien de céder à un nouvel ordre moral bien marqué par les questions contemporaines que l'on nous inflige un peu partout : le Patri-washing.
Notamment la fameuse végétalisation qui viendra donc littéralement ré-encombré l'espace, encombrement accentué par la construction de pavillons devant le Front de mer...On devine bien comment cela va finir.
L'impression que donne ce nouveau projet (SCE Ateliers Up+) c'est celui d'un nouvel encombrement, certes, cette fois, "végétal" et qui donc ne souffrirait d'aucune critique (puisque dans un certain air du temps) mais bien d'un encombrement tout de même ne permettant pas plus que les vagues, une lecture franche et directe de l'architecture, c'est à dire que nous assistons à une éradication du sens premier de son urbanisme et de ses circulations. Le bannissement de l'automobile (et ce malgré l'apparition magique d'une Ford Mustang sur les documentations de communication de l'agence SCE Ateliers Up) est le signe d'une dégradation du sens premier de l'architecture du Front de mer. Le cruising, spectacle de l'auto, avait son sens dans la fabrication de ce Front de mer. C'était un héritage à prendre en compte.

On peut, bien entendu, le remettre en cause. Mais si la réponse c'est une forêt "tropicale" d'influence brésilienne (si si c'est ce qu'on nous raconte...) on ne va pas rire longtemps. 
Ce qui m'inquiète le plus ceux sont les "bijoux d'architecture" à "l'écriture patrimoniale" prévu donc devant le Front de mer et en lieu et place du portique. J'en imagine déjà la qualité architecturale genre découpe au laser et blancheur avec un toit plat, les images de communications en ce sens sont épouvantables ! De faux pavillons bas de gamme de Jean Prouvé : c'est déjà ignoble. Pourquoi, au lieu de singer l'architecture des Trente Glorieuse ne pas alors oser la fabrication d'un nouveau Patrimoine à venir en confiant ces pavillons à de grands architectes ? En faire une sorte de collection de pavillons contemporains ? Comment l'A.B.F peut laisser passer ça devant le Front de mer ?
Et la présence de ces pavillons et ce qui les accompagnera (chaises, tables, parasols, panneaux racoleurs des restaurants) finira bien par ne plus laisser respirer l'espace soi-disant libéré et à produire un nouvel écran à l'architecture.
Comme je ne suis pas royannais, et qu'il y a peu de chances maintenant que je le devienne, je ne sais plus très bien ce que je dois penser des avancées ou des retours patrimoniaux sur cette ville. Peut-être que je n'arrive tout simplement pas à renoncer à un fantasme, un rêve, une impression. La mairie a l'air de vouloir être dans une énergie et c'est déjà formidable.

Mais je crains que l'enfer soit pavé (littéralement) de bonnes intentions, de petits signes patrimoniaux, de couleurs locales pour faire "années cinquante" en lieu et place d'une véritable écriture moderne se stratifiant sur l'héritage au risque d'un fantôme de ville, certes bien ombragée mais n'étant plus que de citations. Comme un nouveau bombardement d'idées reçues sur les qualités d'un écologisme simplet fait de plate-bandes filtrantes ou de copies décevantes des pavements de Roberto Burle Marx...Faire des signes urbains n'est finalement peut-être pas plus radical et nécessaire que des vagues bleues des années 90.

Alors...j'abandonne encore un peu mon lien avec la plus belle ville du Monde. 
On "verra". 
David Liaudet

Voilà la présentation du projet. Amusez-vous à compter les marinières framboise et les doudounes bleu marine et la jeunesse, ce qui induit, de fait, une certaine idée de la praticabilité attendue de la ville et de ses usages :

Je fais un choix de deux cartes postales qui montrent bien la simplicité et la radicalité du rapport entre architecture, plage et circulation à l'époque : une certaine horizontalité franche, presque une minéralité admise et souhaitée aujourd'hui complètement rejetée et détruite dans le futur projet "végétal" et animé de signes patrimoniaux.
On rigole à gorge déployée quand, avec beaucoup de sentiments sans doute, un habitant lors de la réunion, réclame un pavillon qui rendrait hommage au casino disparu...On se demande lequel en fait...celui d'avant-guerre sans doute...

Pour revoir Royan sur mon blog (bon courage...) c'est ici :
ou encore :
Pour revoir mes cartes, allez à Royan, elles ont toutes été données à la Ville.
Sinon...trouvez et lisez mon livre....

Une édition Chatagneau Elcé (où sont vos archives ?) expédiée en 1961 :
Une édition Bauch, expédiée en 1958 :





lundi 2 septembre 2024

Nous les gilets jaunes de l'Art, de l'Architecture et du Patrimoine


Dans "Ministre démissionnaire", ce que j'aime le plus c'est démissionnaire surtout avec Rachida Dati. La démission lui va comme une fragrance de Dior, à la fois un peu trop capiteuse et s'évaporant bien vite.

On aurait pu croire (j'y ai cru, je suis naïf que voulez-vous...) que ce dont elle se réclamait comme perturbatrice du jeu des émancipations lui permettrait un regard et surtout une action dans le domaine de la Culture et de l'Art. On aimait le coté Vintage de son attachement aux M.J.C ou sa vision de la télévision des Trente Glorieuses : un mélange des dossiers de l'écran avec beaucoup de bonne nuit les petits... On voyait bien la petite fille de banlieue faire son chemin mais la petite fille a pris l'émancipation comme une vengeance de classe, un peu comme Annie Ernaux ou comme le maintenant triste car devenu trop iconique, Édouard Louis. Fais gaffe, devenir une image ce n'est bon pour personne, Eddy.



Rachida, elle, elle ressemble de plus en plus à Stephen, ce serviteur trop zélé joué par Samuel J. Jackson dans le film de Tarantino : "Django Unchained". Au lieu de prendre le risque de sa liberté, elle se plie aux manières des dominants pour en tirer les privilèges. Ma grand-mère qui travaillait aux tissages sur des métiers épuisants me racontait souvent comment, parmi les ouvrières, il y en avait toujours qui accéléraient la cadence de production lors des visites des patrons pour se faire bien voir de ceux-ci et des contre-maîtres, obligeant les autres ouvrières à suivre cette cadence infernale. Ma grand-mère me racontait aussi que la vengeance ne tardait pas et que la collaboratrice zélée des patrons retrouvait ses chaussures clouées au sol dans les vestiaires...On aurait du clouer les Louboutin de Rachida au parquet du Ministère de la Culture avant qu'elle parte.

Madame Dati a raison : il y a bien une aristocratie culturelle. Elle s'exerce surtout par les filiations, par les héritages, par des carrières toutes tracées sur celles des parents ayant souvent eux-même hérités. On en entend souvent sur France Culture qui viennent raconter leur "chemin de vie" comme étant normal alors-même qu'il n'est possible que pour cette aristocratie si particulière de la Culture. Les héritiers sont ainsi presque devenus avec l'aide d'une sociologie (elle-même souvent formée d'héritiers qui s'auto-observent) des figures normatives : une catégorie finalement acceptable voir légitimée par un monde en vase clos. 

Papa faisait des performances rigolotes, je vais en faire aussi. Atavisme du ridicule.

Il y a bien aussi une aristocratie des lieux culturels, certains espaces devenus des églises à sachants, des rond-points de l'entre-soi culturel.  La France en est couverte en été.
C'est difficile pour ceux qui rêvent de créer d'autres espaces plus ouverts car le risque c'est alors de tomber dans une autre catégorie socio-culturelle : le si libéral tiers-lieux...Voyez par exemple la "friche Darwing" à Bordeaux. C'est effrayant :

Un jardin "flou" type friche conscientisée (Oh! merci Gilles Clément) une tatoueuse des murs couverts de grafs + des Start-up sur palettes recyclées + de la bière locale Bio = le lieu culturel d'aujourd'hui ?

Et puis il y a les complices, les artistes eux-mêmes ayant saisi d'ailleurs souvent avec intelligence ce que réclame à la fois l'aristocratie culturelle et ses espaces protégés de notre époque. On voit alors ces artistes partir en safari dans la diagonale du vide pour remplir des centres d'Art, des F. R.A.C amusés de leurs découvertes si étranges : les vrais gens. On les voit toujours voulant faire participer ceux qui vivent-là vraiment à cet Art Contemporain, art qui semble comme une couleur dont on habille les agriculteurs que l'on photographie, dont on écoute à peine la parole, sans comprendre que le récit de la chasse au sanglier est bien plus l'oeuvre culturelle qu'il faudrait sauver en lieu et place d'un regard faussement complice sur des citoyens n'ayant pas les signes culturels pour comprendre qu'ils sont (littéralement) déguisés, instrumentalisés comme des objet anthropologiques libres de droit. On appellera ça la condescendance contemporaine. 

L'artiste contemporain vient donc détourner les signes d'une culture qu'il effleure pour y coller ceux de l'Art Contemporain et s'amuser, comme un (ou une d'ailleurs) potache, s'amuser de ce que lui sait du si fameux second degrés et que l'autre, l'indigène (ce mot ne me fait pas peur), lui ne sait pas. Tout cela avec la morale habituelle de ceux qui se croient en position de faire descendre une culture vers une autre, c'est à dire établissant de fait eux-mêmes la hiérarchie des valeurs culturelles. Et puis...il ou elle rentre chez lui, chez elle. Il est à quelle heure le train pour Paris ou celui de Nantes ?

Vous savez, ceux qui s'étonnent qu'il y ait des graffitis sur les murs des granges en campagne....Ils ont l'impression d'y avoir vu quelque chose. Ils font des inventaires.
Ou celui-là qui dort dans une bouteille géante. Il a le temps (sur qui ou quoi le prend-il ?) de dire au monde que ses loisirs sont de l'Art. Admirez ma fantaisie si libérée, JE performe, voyons !

Au moins, Edouard Levé, ses vanités dans Oeuvres, lui n'avait fait que les écrire....

C'est donc une autre forme de petite bourgeoisie, sourire en coin (toujours Duchampien) qui fabrique une expérience plastique souvent creuse et qui se vide dès que les signes sont visibilisés, dès que la surface ironique des choses est percée. Mais on rit au dépend de qui ou de quoi dans leur monde ?
Est-ce bien là ce que voulait dénoncer Dati ? Est-ce, au contraire, ce qu'elle voulait soutenir en associant la ruralité (qui serait donc de fait en manque de cette Culture) à cette vision de l'Art ? Ruralité qu'il faudrait donc corriger car pas assez frottée à l'autre monde, celui justement auquel elle, Rachida, elle a voulu appartenir ?


Je vous conseille de lire ça. C'est hallucinant ! Le maillage en Province (et donc en ruralité) des écoles d'Art y est...simplement...absent...Bien joué le Ministère de la Culture.

Approchent les Journées du Patrimoine, ce rendez-vous joyeux, populaire (il faudra faire une étude sur le public populaire de ces Journées) qui a pour objectif d'éparpiller façon puzzle l'émerveillement culturel sur tout le territoire, dans toutes les catégories de ce Patrimoine dont, une fois encore, on se demande qui en définit les bords dentelés. Car ce qui a été oublié et qui est redécouvert semble bien maintenant devenir de fait du Patrimoine. Le monde ouvrier est maintenant muséifié. Pas au Pakistan, je vous l'assure.

Le risque de ce genre de manifestation c'est bien de remplacer l'histoire par ce qu'on n'ose plus appeler du Folklore mais par une manifestation culturelle et inclusive. Ce serait parfait. À ce titre, les Régions cherchent, chacune leur tour, ce qui les constituent comme territoire culturel, comme particularité, une image facilement assimilable, pas plus dure à enfiler qu'un T-Shirt Gauguin acheté dans les rues de Pont-Aven.




Le retournement culturel du Havre en est un autre exemple affligeant. Certains appellent cela la gentrification, en fait c'est un rapt social appuyé sur la Culture.

Alors, certe, il est toujours bien de penser à un certain partage de la Culture et de l'Art, de penser que c'est toujours bien d'être informé, de pouvoir visiter, ici ou là,  les chiottes de l'Élysée ou le vestiaire des mineurs de fond mis, pour une journée, sur le même plan. Mais il y a toujours quelque chose qui manque, qui, je devrais dire, a disparu : la Culture justement. Car si il y a quelque chose qui ne devrait pas pouvoir se fabriquer parce que, dans une société vivante, elle émane, c'est bien la Culture, cet objet étrange qui ressemble à un blob, toujours mouvant, toujours glissant mais qui est fait de ce que produit une époque et surtout, surtout de ce qui est constitutif d'un apprentissage en commun d'un héritage commun de formes et de pensées qui devraient nous appartenir à tous. Pour cela, il faut la pratiquer la Culture et pas la déclarer. Je suis désolé mais oui la Culture est par nature conservatrice.

Savez-vous qu'il y a des étudiants et des étudiantes au Beaux-Arts en troisième année qui ne sont jamais allés au Louvre ? Ce n'est pas de leur faute. Non. Mais la faute de qui alors ? Qui ou quoi faut-il blâmer ?

Rachida, t'aurais pu, à nous les culs-terreux provinciaux de l'Art, de l'Architecture et du Patrimoine nous donner des tickets de train et de bus pour qu'on vienne à Paris avec les gosses voir les musées.

Peut-être que le Louvre est devenu un objet trop violent pour notre jeunesse ? 
Vaut mieux commencer par Assassin's Creed ? 
Comme cette figure masquée qui courait sur les toits de Paris lors de l'inauguration des Jeux Olympiques, exacte image de là où on en est du maniérisme des signes culturels par trop sur-joués et humidifiés des larmes pathétiques d'une Daphnée Burki dont les nerfs lâchent devant l'apparition, dans son réel, d'un wokisme attendri et, pire que tout, d'un wokisme qui s'excuse d'en être...
Costumé en quelque sorte en émotion incontrôlable et donc sans pudeur. Sans pudeur.
Une fontaine en quelque sorte, une fontaine de Duchamp bien entendu.

Même pas honte.







Alors il ne fait aucun doute que la mobilisation pour le Patrimoine aura bien lieu, que les gens y trouveront des joies et des plaisirs, qu'ils y découvriront des espaces, des histoires, un sens commun avec un peu de chance. Tant mieux. Deux jours de communion populaire.
Pour ma part, j'irai voir les travaux de la Synagogue d'Elbeuf, voir si elle est ouverte à la visite. J'ai envie de retrouver quelque chose qui, même de très loin, m'appartient réellement, comme un sentiment culturel, quelque chose, en quelque sorte, qui m'appartient oui malgré moi. 

Malgré moi.

Walid Riplet

PS: En haut de l'article, comme un cul de lampe prémonitoire, je vous offre cette carte postale du nouveau pont de Sens, dans l'Yonne. Cette carte postale des Éditions Nivernaises, nous montre un objet peu regardé aujourd'hui par le Patrimoine et son public. Pourtant, il est bien dessiné ce pont, il est utile, il correspond parfaitement à cette thématique des Journées du Patrimoine. Et, avec un peu de chance, il vous emmènera vers le Centre Commercial de Sens, dessiné par Claude Parent et Jean Nouvel.
Une certaine idée de la France, de ses provinces et de ses trésors. 
Admirons comment le photographe a cadré cette photographie laissant un grand aplat de gravier au premier plan, nécessaire pour le pont entre dans le cadre et que, d'un ciel bleu étendu et vide, le pont se jette sur une petite barre moderniste. Superbe image vernaculaire pour autochtones.
La bise de Sens.

vendredi 30 août 2024

L'Abbé Pierre aimait les maisons en béton



Non, non, je ne serai pas de ceux qui courent après l'Abbé Pierre au nom d'une sainteté présumée qu'il n'a jamais réclamée. Non, l'Abbé Pierre a fait assez de bien dans sa vie pour qu'on retienne surtout cela même si, bien entendu, cela justement n'enlève rien à ses mauvaises actions. 

L'Abbé Pierre était chrétien, accordons-lui ce qu'il réclamait pour les autres: compassion, compréhension, pardon d'un simple pécheur parmi d'autres.

Voilà. On parle architecture ?


Je n'en reviens pas que le témoignage des cartes postales permet , une fois encore, de se saisir d'une certaine histoire du logement social et d'urgence. Nous avions, (pour les plus fidèles d'entre vous dont vous êtes) pu voir comment à Brignais l'expérience des Maisons Ballons de l'Abbé Pierre a été enregistrée. Mais ici, ce qui me séduit particulièrement c'est que l'on voit les Maisons Ballons dans leur espaces et qu'elles sont habitées et aussi que c'est Combier qui enregistre cette expérience grâce à son si célèbre service de vues aériennes. Il est donc certain pour cette carte postale, par rapport à celles que nous avions publiées, qu'elle fut bien diffusée régulièrement dans les lieux habituels de vente de cartes postales ce qui implique une certaine reconnaissance au moins locale de l'expérience. On note que la carte postale est affranchie en 1971 mais est bien plus ancienne. Une main attentive a noté que les maisons furent détruites dès 1973 ce qui leur fait un temps de vie très court...Pourquoi donc ?

Quand on regarde cette carte postale, on pense immédiatement aux Maisons Ballons de Dakar et il ne fait alors aucun doute qu'il s'agit bien là du système de maisons de Wallace Neff, système de béton projeté sur structure gonflable et réutilisable.

Restent des questions ouvertes à des chercheurs, des historiens de l'architecture : comment l'Abbé Pierre a cru trouver dans ce modèle une solution au logement d'urgence ? Comment donc furent commanditées ces constructions ? Avec la participation de Wallace Neff ? Le lotissement photographié ne comporte que cinq Maisons Ballons sur un terrain dont les jardins sont à peine esquissés. Comment les familles furent choisies ? Quelle réception positive ou négative ces maisons si particulières ont reçu de la part de leurs habitants et du reste de la ville de Brignais ? Et pourquoi cette histoire, il me semble, est complètement oubliée alors que la Maison des Jours Heureux de Jean Prouvé pour le même Abbé Pierre est devenue une icône malheureusement inutile à sa cause ?

En regardant au compte-fil, je remarque devant l'une des Maisons-Ballons une silhouette qui regarde l'avion passer au dessus d'elle. C'est touchant cette présence.

Alors ? Combien encore de surprises aussi importantes pour l'Histoire de l'Architecture aurons-nous à découvrir ? C'est bien ce qui semble un infini qui nous donne encore cette énergie et la certitude que les cartes postales sont bien une source plus qu'à privilégier dans des recherches. C'est une forme presque neutre pour des archives joyeuses, populaires, accessibles à qui s'en donne la peine.

Qui à Brignais, qui à la Fondation Abbé Pierre sera raconter cette histoire ?

David Liaudet




Pour voir ou revoir les Maisons Ballons de Brignais ou d'ailleurs :

https://archipostalecarte.blogspot.com/2023/10/lautre-maison-experimentale-de-labbe.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2022/05/des-bulles-de-beton-pour-les-sans-abri.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2019/08/labbe-pierre-et-sa-boule-zero.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2015/02/wallace-neff-est-gonfle.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2021/01/y-bon-nichonville.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2013/06/dair-et-de-beton-wallace-neff-dakar.html

https://archipostalecarte.blogspot.com/2022/11/maisons-ballons-demandez-miguel-mazeri.html


dimanche 18 août 2024

Vous auriez des assiettes moches ?*




Dans les traces populaires de la réception du Patrimoine Architectural Moderne, il y a bien beaucoup de possibles. Les cartes postales en font partie bien entendu mais aussi des articles sur l'architecture dans des revues non-spécialisées, les sacs plastiques, les portes-clefs bref souvent des objets de souvenir ou de tourisme produits en grand nombre.

Il en va alors comme des cartes postales et c'est notre étonnement à découvrir ces objets qui nous trouble bien plus que les objets eux-mêmes car, finalement, on reconnait bien leur droit à exister, presque leur logique. Si une construction moderne est populaire, reconnue, visitée, pourquoi donc, en effet, ne serait-elle pas représentée comme plein d'autres objets touristiques dans des artefacts aussi communs ? Alors ? Pourquoi cet étonnement si ce n'est qu'aujourd'hui cela nous semblerait impossible.

L'assiette-souvenir fait bien partie de ces artefacts. Je les collectionne.
Enfin...je devrais dire que, comme pour les cartes postales au début de ma collection : je les ramasse.
Je veux dire par-là que ce qui compte c'est la rencontre au petit hasard, sous une pile d'assiettes décorées, de tomber sur une qui concerne notre intérêt. C'est ce moment-là qui compte vraiment le plus, ce moment de surprise, de rencontre, ce Ah... qui réjouit et qui étonne. Vous allez, sans doute, à la lecture de cet article, vous-même pousser ce genre de petits cris étouffés de bonheur (si, si, je vous l'assure).

Pour ce faire, je vais commencer par un chef-d'oeuvre, sans doute le clou de ma collection, l'une des assiettes-souvenirs les plus incroyables, je devrais dire improbables, de part l'objet architectural ainsi représenté mais aussi de part son style qui lui est si ostensiblement éloigné !



Alors ? Je vous avais prévenu !  
Voilà bien une assiette en quelque sorte programmatique de ma collection ! Celle-ci est un ensemble de signes qui me font de l'oeil comme si il était impossible que je ne la possède pas. D'abord, bien entendu, l'architecture représentée : l'église Sainte-Bernadette du Banlay à Nevers par Claude Parent et Paul Virilio. Il n'est plus la peine de dire ici ma relation avec ces architectes. L'autre signe est la date : 1967 ! Ma date de naissance ! 
On admirera comment J.M pour A.Montagnon a réussi à traduire les traces du banchage du béton par de simples mais si beaux petits coups de pinceau formant la matérialité du béton de Nevers : remarquable traduction. Sur la page Wikipédia, j'apprends d'ailleurs que la Famille Montagnon fut bien à l'origine de la poursuite de la grande tradition de la Faïence de Nevers et c'est vraiment une joie de voir ainsi un art populaire, ancien, venir se croiser avec une architecture moderne. On note aussi la belle simplicité du décor.
On voit là, déjà, dans ce mélange des genres (style et objet) quelque chose qui nous rappelle immanquablement le travail drôle et puissant d'un Wim Delvoye. Si la famille Montagnon pouvait nous raconter son approche de Sainte Bernadette de Nevers ce serait fantastique... Y-a-t-il eu d'autres exemples de l'utilisation et de productions avec comme motif Sainte-Bernadette du Banlay ?
Quelle joie cette assiette !

Je continue avec une autre production s'accrochant à une tradition de la céramique : Rouen.
Je continue avec donc un autre type de proximité personnelle :




Je ne suis pas allé bien loin pour trouver celle-ci ! Mais avouez que là également, le désir de croisement entre architecture moderne et contemporaine et fabrication  traditionnelle est bien réussi et nous emporte avec un certain étonnement mais aussi avec un certain humour.
Le dos nous informe aussi un peu.
Et...j'ai un doute sur la réalité du fait main du décor central, celui de l'église du Vieux Marché de Rouen dont les architectes sont Arretche et Gaudin. Une oeuvre magnifique d'ailleurs, absolument immanquable. J'ai raison ! Avec mon compte-fil, comme pour mes cartes postales, j'observe nettement que l'image centrale est tramée...Donc il s'agit d'une décalcomanie apposée et cuite. Je pense que le décor main de Marli est seulement réservé pour les bords qui reprennent bien les teintes et motif de la céramique de Rouen. On note que le modèle porte le numéro 241 ce qui pourrait signifier qu'il existe d'autres modèles d'assiettes avec un autre motif de l'église. Je ne sais pas si cette assiette a eu un grand succès commercial, si elle fut produite au moment-même de la construction de l'église et je n'ai jamais revu ni à Rouen dans les boutiques ni ailleurs ce modèle-ci.

Toujours une tradition de céramique et toujours un contraste :




C'est la toute première de mes acquisitions ! Le doigt dans l'engrenage ! Reconnaissez-vous la construction au centre de cette assiette en bleu de Delft ?
C'est écrit au dos mais sans le nom des architectes : Maaskant, Van Dommelen, Kroos et Senf. J'en aime l'audace du point de vue sur cette superbe architecture et l'idée de la glisser dans un décor aussi marqué historiquement. On notera tout de même un certain flou, une certaine mollesse du dessin peu précis. On dirait que ça a trop cuit ! Mais comment ne pas être séduit immédiatement par ce choc des représentations. Difficile là aussi de savoir ce qui a déterminé et ordonné ce besoin de fabriquer un tel objet, de savoir comment il était distribué.

Même si, comme pour les cartes postales, j'aime mieux les vues simples que les cartes en multi-vues comment donc renoncer à l'acquisition d'une telle pièce :







On notera là encore le choix du bleu comme signe d'une certaine tradition de la céramique peinte. J'adore la réduction graphique des représentations des architectures et toutes celles-ci ne vous donnent-elles pas envie de vous rendre à Toronto !
Faisons la liste des architectures représentées :
- Ontario Place et son dôme : Eberhard Zeidler, architecte
- Roy Thomson Hall : Arthur Erickson, architecte.
-New City Hall :Viljo Revell associé à Heikki Castren, Bengt Lundsten, Sepo Valjus.
(sans doute l'une de mes architectures préférées)
- la tour panoramique, CN tower qui occupe le centre de l'assiette.
On ne cherche pas où pouvait bien être vendu ce genre de souvenir ! C'est assez clair. On notera tout de même que cela démontre que la ville se reconnait beaucoup dans son architecture moderne et contemporaine qui est perçue comme une attractions, a place to be.
Là aussi, l'assiette est bien une production industrielle mais ici qui n'est pas rattachée à une tradition de la Faïence mais en reprend tous les signes. Une petite étiquette nous indique même que l'assiette aurait été produite...au Japon...

Attention ! Monument !




Voilà donc une assiette nous montrant le Berlin moderne, celui de l'après-guerre, celui de l'Ouest aussi. Je pense évidemment que ce type de production date d'avant la chute du mur. Comment résister à un tel esprit à la fois de synthèse du dessin et absolument kitch pour le bord de l'assiette ! Quel mélange audacieux ! On voit donc parfaitement l'église du Souvenir de l'Empereur Guillaume (Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche) en ruine reconstruite par Egon Eiermann (un chef-d'oeuvre absolu) et l'immeuble avec le logo Mercedes sur son toit, l'Europa-Center, par les architectes Hemut Hentrich et Hubert Petschnigg. On ne peut pas faire plus occidentale et internationale comme architecture. On notera avec amusement que le logo Mercedes côtoie la minuscule croix de l'église et la domine un peu. Cette assiette fut produite par Schedel Bavaria dont on admire la marque au dos de l'assiette.
Et l'inscription Berlin Bleibt Berlin (Berlin reste Berlin) est assez touchante et encore vraie aujourd'hui.

Voici l'une des plus spectaculaires et qui me fut offerte par Claude Lothier. Merci Claude :
N'est-ce pas merveilleux comme souvenir de New-York ?






Tout est réussi : dessin, couleurs, mise en scène de l'Empire State Building. On devine facilement où cette assiette a, sans aucun doute, été achetée, surtout que le dos de l'assiette enfonce le clou de manière claire et très complète ! On note tout de même que l'Empire State Building est entouré de deux autres architectures du Vingtième Siècle : le Coliseum et Palais des Nations Unies. On note aussi l'absence du World Trade Center, ce qui permet à mon avis de dater cette assiette d'avant sa construction. On note encore que cette superbe qualité de fabrication est de la célèbre fabrique Johnson Brothers England. Il s'agit donc d'un produit d'importation. Quelle merveille !

Avec le même motif central et toujours à New York :





Même si cette assiette reprend bien les codes graphiques anciens (on pourrait y voir un hommage à Little Nemo) il ne fait aucun doute qu'elle est bien plus contemporaine que la précédente. Un détail le montre clairement : une nomination du Kennedy International Airport. J'adore le dessin de la ville au pied de l'Empire State Building ! Petits volumes tout nets. On aime voir là encore le Palais des Nations-Unies et aussi le Rockfeller Center. 






Certaines architectures sont en quelque sorte attendues dans ce genre. Quand la laideur de certaines constructions rejoint le kitch, le surjeu des objets du souvenir...tout s'accorde pour une production assez caricaturale. Pas de doute que les machines du Futuroscope hurlant leur modernité et leur pseudo-avant-garde auront su trouver dans ces objets une certaine forme de légitimité. En ce sens, ces deux productions que je ne boude pas, sont exemplaires.
Les deux sont "signées" Yves Deshoulières" dont on ne sait pas si il s'agit du concepteur ou du fabricant.




Ce très grand plat nous montre donc l'Hôtel de Ville de Villerupt. Mais pourquoi donc ? Pour qui ? Qui décida un jour que cette petite architecture moderniste mériterait ainsi une production aussi ambitieuse ? Le dos nous réserve la surprise d'une production en Longwy décorée "à la main" ! Tout cela sent tellement les années 50-60 ! Surtout ce glacis noir profond dans lequel brillent de petites étoiles. Cadeau de la Ville de Villerupt pour des invités privilégiés ? Et combien reste-il de ce modèle  que je trouve si touchant dans son désir de bien faire. Peu d'infos sur les architectes Gilbert et Laporte de cet Hôtel de Ville très moderniste pour en dire quelque chose mais le bâtiment semblait très bien dessiné.



Et comment ne pas finir avec cette assiette que j'ai achetée hier (!) et qui me décida à vous montrer ma collection. Je n'ai pas grand chose à vous dire encore sur Royan, vous savez la place de cette ville dans ma vie et dans mes rêves d'y vivre malheureusement pas encore aboutis. On notera tout de même que ce n'est pas une production d'une grande qualité, ni le dessin, ni les choix graphiques ne permettent de se réjouir vraiment...On devine que le Casino est encore debout, ce qui signifie que le modèle du dessin est antérieur à sa destruction mais je reste persuadé que cette assiette-souvenir de Royan est bien plus récente que ça. Et choisir Notre-Dame et la Conche en lieu et place du Marché est aussi, pour moi, la certitude qu'il doit exister des assiettes de Royan avec le Marché. Cela ne fait aucun doute.

Pour finir, vous aurez compris que si j'aime me faire surprendre comme hier avec l'assiette de Royan, il y a forcément des bâtiments que j'aimerais trouver. N'importe quelle construction de Le Corbusier me ravirait et pourquoi pas Ronchamp par le céramiste Bézard ami de Corbu ? Et le centre Pompidou ? Je suis certain qu'il existe aussi des assiettes de ce bâtiment...Et pourquoi pas aussi rêver à des assiettes-souvenirs de Sarcelles, Grigny ou des Tours Nuages de Nanterre...Qui sait...
Continuons de chercher.
Pour voir les céramiques de Bézard, ami de Le Corbusier :
Ne pas oublier l'excellente revue Profane qui aime regarder ce genre d'objet autour de l'architecture :

* c'est l'expression détournée de celle que j'utilise pour demander et nommer normalement des cartes postales moderne sur les vides-greniers.

Dernière acquisition (21 septembre 2024)

Trouvée à l'instant aux Emmaüs, elle pourrait être l'archétype de ce que je cherche. Voilà une assiette d'une petite taille qui reprend avec beaucoup de qualité la Tour d'Auguste Perret à Amiens. On aime le graphisme très serré et les choix de couleurs un peu éteintes. On note le fabricant : création Almi, fait main inscrit sur une étiquette. On doute du "fait main" mais qu'importe ! Voilà un bel exemplaire qui va rejoindre ses camarades dans ma collection !



Dernière donation (dimanche 22 septembre) :

Hier, alors que je me suis rendu à Piacé pour les Journées Européennes du Patrimoine, Nicolas Hérisson qui depuis des années maintenant réveille le souvenir de Le Corbusier et de Robert Bézard dans cette petite ville de la Sarthe m'a offert cette assiette. Elle a la particularité d'être une ré-éditon d'un modèle créé par Norbert Bézard pour être vendu en souvenir à Ronchamp. Le Corbusier ayant pour l'apiculteur-céramiste de la Sarthe une véritable amitié, notre architecte avait soutenu le travail étrange et brut de ce paysan moderne dans la ruralité.
Bien entendu, on sort un peu de mes autres acquisitions parce qu'il s'agit bien d'une assiette-souvenir mais qu'elle ne possède peut-être pas, par son histoire, la liaison un rien naïve du surgissement d'une architecture moderne dans le champ touristique. Quoique...
Et puis, adoubée par Le Corbusier lui-même, cette production revue un peu à l'aulne de l'Art Contemporain lui donne une aura que l'amitié et l'engagement de Nicolas pour Piacé rendent toute particulière. Comme quoi, comme pour le ready-made, les circonstances de création et de donation d'un objet fabriquent tout autant sa perception et sa réception. Quelle soit la bienvenue dans ma collection et un immense merci à Nicolas Hérisson pour ce très touchant et beau cadeau.
Pour en savoir plus sur Norbert Bézard, Le Corbusier et Piacé, c'est une très belle histoire. Une visite s'impose !