Non, ça ne fait aucun doute (maintenant que je peux regarder cette carte postale à la loupe) : il s'agit bien des éléments de façade Matra de Jean Prouvé que l'on connait bien sur ce blog car nous avons la chance de les avoir admirés souvent à Piacé.
Mais je ne sais pas vraiment pourquoi j'avais encore une petite retenue quant à leur attribution possible. Sinon...cette carte postale pourrait bien être d'un ennui tant aimé par Martin Parr...Voilà un collège, à Bressuire qui ne brille pas par son architecture audacieuse, non....
Devant cette grosse carcasse bien régulière dont la façade fut donc bouchée par des éléments de Jean Prouvé on ne comprend pas bien en quoi cela suffirait à chanter le génie de ce dernier. Certes, il est toujours bien de voir comment on comble un vide et le mur-rideau est bien une belle invention surtout quand le rideau n'est pas vraiment un mur et qu'il est travaillé comme une peau.
La carte postale possède sur son verso le nom de l'architecte : M. Perillier.
Ce Monsieur Périllier on le retrouve d'ailleurs comme architecte du Lycée de Sarcelles dont la typologie est absolument identique. Rappelez-vous ici :
Rien de neuf sous le soleil de la Province donc. On notera juste que le choix de couleurs pour ces panneaux Prouvé à Bressuire est bien plus restreint et bien moins pop : du blanc et un bleu de carrosserie de fourgonnette d'une administration quelconque. Peu enthousiasmant tout cela pour un si génial ingénieur et ferronnier moderne. La commande a dû tout de même sustenter l'entreprise qui les fabriquait.
Je vais aller voir ce que la façade de ce lycée est devenue : ba...plus rien de Prouvé il me semble...
Alors la question reste ouverte de l'intérêt ou pas de ce genre de mobilier de façade et de l'importance qu'il a pu avoir dans l'idée architecturale.
Le panneau Matra est certes intéressant à bien des égards (celui de la légèreté, de la facilité de mise en place) mais cela suffit-il à en faire un moment d'intelligence architecturale (et avec qui et avec quoi) et surtout, cette mise en place d'un tel mur-rideau a-t-elle profité au génie d'un lieu ? On se le demande en effet. Est-ce qu'on est architecte quand on fournit juste des huisseries ?
Sans doute que dans l'histoire du mur-rideau, il y a bien d'autres modèles de panneaux tout aussi beaux, intelligents et efficaces que ceux de Prouvé et Matra qui n'auront pas l'aura iconique et intouchable du génie devenu bancable. Rien là en tout cas ne signe une particularité suffisamment grande pour que l'histoire de l'architecture ne lui fasse une place à part. Bien au contraire, on aurait envie de dire que la juste place des panneaux Matra-Prouvé dans l'histoire est d'être une réponse de plus à une architecture assez basique, assez fonctionnelle pour que ses vides, son épiderme donc, ne soient, finalement, simplement comblés par un tel type de panneau.
C'est sans doute l'un des pièges du génie de Prouvé : à force de vouloir faire fonction on finit par faire pragmatique au risque d'oublier que l'architecture ne peut se suffire d'une intelligence rationalisée quant bien même elle serait peinte d'orange, de bleu, ou de jaune vif...
Combler le vide en quelque sorte, voilà tout ce qui reste à Prouvé sur cette architecture. (allez...je sais que vous aimez un peu de polémique...)
Bien à vous.
Walid Riplet
Pour revoir Jean Prouvé :
Pour revoir des panneaux Prouvé et/ou Matra :
La carte postale est une édition du Gabier pour Artaud. Elle nomme bien Mr Perillier comme architecte. Pas de nom de photographe, la carte n'est pas datée.
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