Il y a des rencontres avec des images qui confinent au mystère. Une sensation singulière qui fait que, immédiatement, l'oeil perçoit le potentiel d'une photographie, raconte l'envie d'en dire quelque chose. On le sait les patinoires, les piscines, les salles de sport d'une manière générale sont des objets obsédants pour les architectes car il faut toujours montrer qu'on a trouvé une solution pour recouvrir une grande surface sans , bien entendu, faire descendre des points d'appui au milieu des bassins ou des terrains...Il faut donc projeter les forces des couvertures sur les bords, les obliger à s'exporter sur les limites. Il faut donc avant tout soigner la structure.
Ce matin, devant cette carte postale Iris pour Cap-Théojac c'est à tout cela que je pense. Et je crois que j'aime l'architecture surtout pour les réflexions des structures. Ici, je suis gâté.
La patinoire de Villard-de-Lans nous montre en effet un superbe et assez incroyable jeu de poutres se croisant et se reposant sur des piliers recevant toutes les forces. C'est absolument magnifique ces étoiles de béton. Car il s'agit bien de béton, j'ai cru un court instant à du lamellé-collé mais non...On pourrait presque regretter que ce que porte justement ces magnifiques poutres soit aussi peu intéressant. La couverture ne semble pas très intéressante, tout cela sent un pragmatisme bien appliqué comme si l'architecture et son défi tenaient tout entier dans le croisement justement de ces poutres. Est-ce que, comme moi, vous imaginez immédiatement le moment du chantier où seules les poutres de béton étaient en place laissant le ciel passer au travers des triangulations ? Comme cela devait être magnifique !
On pourrait encore réactiver la vieille querelle entre oeuvre d'architectes et d'ingénieurs et se demander si, là, précisément, il ne s'agit pas essentiellement d'une œuvre d'ingénierie où le calcul des reports de masse, des épaisseurs, des triangulations l'a emporté certainement sur le registre formel ici réduit à la beauté d'une structure brute laissée dans la poésie de sa visibilité presque comme le serait un brutalisme du génie civil si souvent mal aimé en France et si peu regardé.
N'ayant malheureusement pas trouvé le nom des créateurs de cette belle structure, je ne pourrais départager entre ingénieur et architecte mon admiration, je ne pourrais remercier personne...
On notera que le choix aussi de montrer cet équipement sportif de l'intérieur est sans doute lié au fait que cette patinoire de Villard-de-Lans est particulièrement enclavée et que faire une photographie depuis l'extérieur semble difficile et peu probant pour en montrer ses qualités constructives. Enfin...c'est ce que je crois.
Pour être complet, la carte postale ne nomme pas le photographe ni l'architecte et n'est pas datée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire