samedi 31 mai 2025

Claude Parent en Slovénie (sans le savoir ?)

 Ah ! les joies des promenades à cloche-pied d'image en image, de découverte en découverte, de petit bond en petit bond. D'abord trouver un hôtel bien moderne, bien dans le gout de son époque, presque un archétype, une typologie pour parler comme Éric. Une petite barre bien droite et un rien maigre est accolée à un volume tout à l'horizontal sur pilotis. La fonction détermine la forme : les chambres empilées dans la barre, les services de l'hôtel (réception, restaurant, etc...) dans l'autre bâtiment. Sous les pilotis, le parking des clients.


On ne peut pas faire mieux en terme de modernisme. Les volumes sont simples ce qui crée des ombres et des contrastes francs. On ajoutera la blancheur et on pourrait voir ce genre de petit hôtel un peu partout dans le monde à la même époque. On note que l'édition de cette carte postale est très pauvre, que l'image est trop petite pour remplir le rectangle de papier, que sur le verso ne figure ni le nom de l'établissement photographié (un comble...) ni le photographe ni le ou les architectes. Seul l'éditeur Aba Maribor et Maribor sont inscrits.

Si j'en crois les détails du rez-de-chaussée, le restaurant de l'hôtel Slavija de Maribor n'est pas terminé ! Pour l'hôtel lui-même difficile de savoir. Bon, on pourrait s'arrêter là, se dire que déjà cette écriture moderniste pourrait bien suffire à me contenter, que tout cela est bien la preuve de la circulation des modèles internationaux et ce jusqu'en Slovénie. C'est vrai que l'image est belle et que j'aime comment le photographe a réussi à placer les deux flèches de l'église dans un angle droit pour que le touriste puisse justifier de l'exotisme de sa destination.

L'Hôtel semble soit avoir disparu soit avoir été très profondément remanié et il ne reste rien de son écriture à part les fantômes des volumes. Tant pis...Quand, en Slovénie, la Modernité aussi abstraite a perdu de sa superbe ?

En cherchant le nom des architectes, je ne trouve rien sur cet hôtel mais je tombe sur un concours d'architecture pour une galerie d'Art Contemporain à Maribor. Des trucs et des machins, les uns derrière les autres, tout aussi universalistes que l'hôtel tentent leur chance. Mais un projet me fait bondir sur ma chaise...(j'exagère un peu, faut bien réveiller le lecteur et la lectrice), ce projet ressemble bien beaucoup à la Fonction Oblique de Claude Parent et Virilio. Il semble même que son principe constructif ne soit que cela, un jeu de rampes sur lequel le public circule (et les camions aussi !) faisant du bâtiment non plus un obstacle mais bien un parcours, une circulation. Parfait ! aurait surement dit Monsieur Parent ! Peut-être pourrions-nous pinailler sur les surfaces, sur la rigueur un peu sèche des volumes, sur la froideur d'un épiderme un peu trop percé pour nos architectes qui aimaient mieux les bâtiments plus bunkerisés. Mais tout de même...c'est assez sidérant ce rapprochement...Mais quoi en faire ? Finalement il est difficile de savoir comment Claude Parent aurait pu marquer les architectes de cette proposition. Est-ce là une vraie citation ? Est-ce là le retour d'une idée finalement claire ? Comment les idées de Architecture Principe auraient pu se retrouver en Slovénie ?


Tadej Glažar, Andraž Intihar, Jernej Prijon, Vid Razinger, Primož Stražar (Ljubljana, Slovenia)

Je ne sais pas Camarade, je ne sais pas...

Et Internet ne nous aide pas car je ne trouve aucun autre détail sur cette tentative ni rien sur les architectes responsables de ce projet...

Un autre projet pour le même concours me rappelle le projet pour la Maison de la Culture de Charleville. Certainement l'un des plus beaux projets de Claude Parent et Paul Virilio, malheureusement pas construit. J'y retrouve quelques formes et surtout une incroyable massivité très similaires (!) qui me font aussi penser par son gainage un rien précieux à une boite de Jean Nouvel ou mieux à un délire post-post-punk de Odile Decq. Alors, certes, je m'amuse à voir là ce que j'ai envie. Je me laisse porter par mes intuitions, je n'aurai certainement jamais la réponse sur l'influence volontaire ou culturelle de Parent sur ces architectes. Mais qu'importe ! Je rebondis parfois un peu comme la fameuse balle magique. C'est ma liberté.

Pour en savoir plus sur les projets  :


On note que ce projet évoquant pour moi le projet de Charleville est de David Tajchman.




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