tag:blogger.com,1999:blog-6386251216000714081.post6926410759186128147..comments2024-03-26T12:57:14.224+01:00Comments on Architectures de Cartes Postales 2: Brutalisme : une (ma) définitionLiaudethttp://www.blogger.com/profile/15749618287753803130noreply@blogger.comBlogger1125tag:blogger.com,1999:blog-6386251216000714081.post-46034590149336471842017-04-06T11:21:42.450+02:002017-04-06T11:21:42.450+02:00Bravo, il faudrait un colloque, et je veux une inv...Bravo, il faudrait un colloque, et je veux une invitation. Le sujet est déterminant et j'aimerais pouvoir raccorder ça à l'aventure des meubles... Comme toutes les autres catégories, celle du Brutalisme souffre d'être une « vue de l'esprit » ayant pour avantage de rassembler un paquet d’œuvres singulières sous une seule appellation. C'est mémorisable, surtout si l'on ajoute 3 vedettes, 2 dates et 1 recette. Bientôt, M. Tout-le-Monde en parlera de ce brutalisme. Cependant, en creusant, on comprend que la recherche des frontières est sans espoir, chacun a sa petite part de brutalisme depuis le premier caillou taillé jusqu'à l'ultime gadget usiné. C'est pourquoi il faut parallèlement se souvenir que les architectes du Mouvement moderne ont voulu croire à la fin des styles : combien ont entretenu l'espoir que le « style international » d'Hitchcock et Johnson serait universel et intemporel dans un Positivisme frais et pimpant ? Tout juste admettaient-ils les changements provoqués par les innovations sociales ou techniques. Comment ces géants croyant porter la Vérité nous regarderaient-ils aujourd'hui brandir ces « ismes » idéologiques comme des formules « stylistiques » : rationalisme, cubisme, ossaturisme, nudisme, purisme, lyrisme, brutalisme... Maintenant qu'un gouffre nous sépare de la Vérité moderne, assumons donc notre exorde. Il faut admettre qu'un regard en arrière montre la persistance des vagues stylistiques, après les styles assumés de 1900 et de 1925, et avant le « postmodernisme » tout aussi assumé. Dans l'entre-deux, le découpage catégoriel des formes est encore possible et souvent pertinent. Mais il faut surtout réapprendre à déterrer les idées derrière ces formes. <br /><br />Ce que le « new brutalism » indique, c'est l'amorce d'une conscientisation de la fin de la Modernité par les protagonistes du mouvement moderne eux-mêmes, moment officialisé par le Team X. Cette ultra-modernité qu'exprime le Brutalisme adhère volontairement à sa propre relativité, plutôt qu'au principe d'une absolue vérité. Elle n'est plus « économique », elle devient « reconnaissable et mémorable », c'est à dire exagérée, auto-référencée, baroque. C'est pour cela que nous l'aimons encore plus, car nous aimons les codes modernes. Car nous avons aussi la culture permettant de les identifier. Il est possible (et probable dans le champ d'interprétation marxiste qui régnait après-guerre), que ces ultra-ultimes-modernes aient encore cru en la vérité de la matière, qu'elle eût pour eux le sens d'un dernier espoir. Souvenons-nous, la même crise s'est produite lorsque la croyance en la Vérité antique du Classicisme s'est effondrée et qu'il a bien fallu créer, lucidement, un langage néo-classicique. On l'a fait sans y croire vraiment, à défaut de mieux (comme on continue de nos jours à répéter les légendes du Progrès et de la Croissance). Si nous étions définitivement émancipés des « modernes », alors nous parlerions de « baroquisme moderne » (beurk !), de « modernisme » (quelle horreur !), de « néo-moderne » (bof !). Gardons Brutalisme, signons ainsi l'apparition d'une « irrégularité » que d'aucuns verront inévitablement comme le signe même de la laideur, comme un germe poussant sur la peau délicate d'une pomme de terre. Beau, laid, peu importe, c'est dans ce germe que se trouve l'avenir, pas dans la patate.<br />Pierre Genceyhttps://www.blogger.com/profile/08230637538991025269noreply@blogger.com